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Pause méridienne au Louvre avec Louis XIV et le jeune duo Repicco

La saison musicale reprend aussi au Musée du Louvre. Le jeudi midi étant réservé à la découverte de nouveaux talents, c'est donc avec le jeune que débute la programmation 2017-2018.

Repicco ? Késako ? C'est le nom d'une technique de jeu en guitare baroque dont la violoniste et le luthiste-guitariste ont choisi de s'affubler pour ce duo datant d'il y a un peu plus de quatre ans. Belle coïncidence (qui n'en est pas tellement une), quand le programme du jour est intitulé « Les Musiciens du Roi Soleil ». Louis XIV n'était-il pas tombé sous le charme de cet instrument venu d'Espagne pour en faire une Guitarre Royale ? C'est pourtant le théorbe et le luth que choisit afin d'explorer les sonorités de , guitariste-luthiste réputé à la Cour, et dont on fêtera les 350 ans l'année prochaine.

Mais attention, malgré leur jeunesse, ces deux-là n'en sont pas à leur premier coup d'essai. Avec la volonté d'explorer le répertoire très diversifié de leurs instruments, allant de la fin de la Renaissance jusqu'au début du XXe siècle, le a ainsi été finaliste du York Early Music Competition et a obtenu le grand prix du public du Festival Eeemerging d'Ambronay en 2015. Forts de cette dernière réussite, les deux artistes ont passé une partie de leur année 2017 à enregistrer leur premier disque sous ce label, autour cette fois-ci d'Ignazio Albertini, Nicola Matteis, Giovanni Antonio Padolfi Mealli et autres compositeurs italiens du XVIIe siècle.

Théâtre du pouvoir

Le programme du jour s'inscrit dans les activités proposées en marge de la nouvelle exposition « Théâtre du Pouvoir » installée à la Petite Galerie du musée, autour des liens étroits entre l'art et le pouvoir politique. Plus large que celle de Versailles concentrée sur les fêtes et divertissements à la Cour du Roi Soleil, cette exposition aborde également le règne d'Henri IV, de Louis XVI ou encore de Napoléon.

Dès les premières mesures de la Suite en sol majeur du maître de guitare du Roi, l'avertissement de ces Pièces de théorbe et de luth attestant du « succès que ces pièces ont eu à la Cour, pendant plusieurs années, dans les Concerts particuliers du feu Roy », les deux musiciens démontrent une belle énergie de jeu tout comme une complicité certaine. Le violon baroque de déploie une agréable sonorité droite, ample et brillante, que la musicienne agrémente par des ornementations bien calibrées. Elle affirme pour le reste une ligne mélodique très expressive grâce notamment à de généreux coups d'archet alors que certains mouvements plus vifs comme la Gigue, manquent parfois de précision et font entendre des sonorités un peu rêches dans les médiums, n'altérant pas toutefois la bonne appréciation d'ensemble. Malgré quelques basses un peu brutales dans la Chaconne de cette Suite, le jeu du théorbe complète avec raffinement la partie du dessus, même si l'auditorium semble peu adéquat à la projection naturelle de ces instruments à cordes pincées, notamment pour Les Sylvains et le Concert n° 2 extrait des Concerts Royaux de .

Il est plus étonnant de retrouver une composition de dans cette programmation, puisque plus tardive que le règne de Louis XIV (la mort du Roi Soleil date de 1715 alors que La Furstemberg a été écrite en 1762). Mais il faut avouer que la vivacité et la technicité de cette partition sont de beaux défis à relever pour un jeune violoniste. C'est chose faite avec malgré quelques passages des variations où les sauts d'intervalles virtuoses, particulièrement techniques, sont obscurcis par plusieurs graves âpres.

Avec la Suite en ré mineur jouée en fin de concert, l'écriture de la partie de l'instrument à cordes pincées chez , fait souvent cohabiter des styles d'accompagnement variés, permettant d'apprécier la belle qualité de jeu de selon différentes approches : des accords battus à des passages imitant le violon pour un jeu d'échange polyphonique entre le dessus et un accompagnement riche et virtuose.

Belle opportunité pour la nouvelle génération baroque (et les autres !) que cette heure de concert organisée par le plus célèbre des musées dans le monde. Face à une salle presque comble, le a saisi l'occasion de se faire entendre !

Crédits photographiques : Duo Repicco © Bertrand Pichène

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