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Musique à Sanssouci, Dorothee Oberlinger fait briller la flûte à bec

Dans un programme entièrement consacré à la musique allemande du XVIIIe siècle, mène ses musiciens de l' vers les sommets du style rococo. Interprétation magistrale pour un programme savamment concocté.

Le nouveau CD de et de l' est cette fois-ci consacré à la musique allemande du XVIIIe siècle telle qu'on aurait pu l'entendre dans les environs de Berlin du temps de Frédéric II de Prusse et de ses ancêtres. Débutant avec une pièce anglaise de , compositeur morave ayant effectué une grande partie de sa carrière en Grande-Bretagne au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles, il s'achève sur un morceau de Johann Christian Schultze datant probablement de 1768, soit une époque où la flûte à bec était de toute évidence devenue un instrument relativement rare. C'est tout naturellement l'articulation entre ces deux instruments alors concurrentiels, la flûte à bec et la flûte traversière, qui constitue le fil conducteur chronologique de cet intelligent programme qui illustre à merveille, avec l'apparition des styles galant et rococo, la transition entre le baroque finissant et le tout début du classicisme.

Parmi les pièces de choix on goûtera tout particulièrement le pétillant double concerto pour flûte à bec et basson attribué à Haendel, encore marqué par le style contrapuntique hérité du XVIIe siècle auquel s'oppose l'écriture, davantage marquée par le courant de la sensibilité et du culte du raffinement, des pièces de – le frère de Carl Heinrich –, ou . Ces trois compositeurs ont tous en commun la proximité de la figure titulaire de Frédéric II de Prusse, commanditaire et/ou interprète de nombreuses pièces figurant sur ce disque. On pourra à ce titre s'étonner d'entendre les pièces de Quantz jouées sur une flûte à bec, même si ce curieux choix est justifié par dans le passionnant texte de présentation qui accompagne l'enregistrement.

D'une virtuosité exceptionnelle, d'une beauté de son à couper le souffle, l'interprétation de la flûtiste Dorothee Oberlinger est suprême de bout en bout. Qu'elle joue sur une flûte à bec soprano, alto, ténor ou basse, la jeune interprète restitue à son instrument la douceur, la féminité et la sensibilité qui faisaient tout son prix lors de la période charnière qui vit l'avènement et l'épanouissement de l'instrument qui allait le supplanter. L', davantage une réunion de solistes qu'une formation orchestrale à proprement parler, contribue à porter sur les sommets ce fort original programme. Un disque comme on les aime !

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