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Jansons et Bruckner, chaleur et force à Luxembourg

En tournée à Luxembourg, l'Orchestre de la Radio Bavaroise confirme ses immenses qualités.

a beaucoup dirigé Bruckner ces dernières années à Amsterdam comme à Munich, le disque en témoigne : on ne peut donc dire que ses choix interprétatifs surprennent pour cette Huitième symphonie qui ne tardera pas à rejoindre sa discographie, mais la voix de Jansons est éloquente.

Faut-il utiliser les grands mots ? Romantique, il l'est certainement, ici comme très souvent, sans sentimentalité, mais avec sentiment, avec aussi cette composante essentielle du romantisme : la vision d'un idéal à atteindre, non pas dans les lointains métaphysiques, mais comme une force agissante qui fait avancer – les tempi choisis par Jansons, avec environ 80 minutes de musique, sont tout sauf extrêmes, plus resserrés peut-être dans le dernier mouvement, qui prend ainsi, par contraste, une tournure plus dramatique. L'entame de ce dernier mouvement a sa rudesse, mais sa conclusion est plus réconciliatrice que d'autres interprétations qui semblent s'arrêter au bord du gouffre.

Humaniste, il l'est tout autant, avec une chaleur expressive qui est sa marque quel que soit le répertoire ; ce Bruckner est prenant par cette chaleur même ; sans doute Jansons est-il, aussi, un chef résolument analytique qui sous-tend ses interprétations par un soin absolu de la construction et de l'équilibre, mais il revêt ce solide squelette de toute la chair vivante qui donne cette force vitale à la musique. Quand le flux s'arrête, quand Bruckner fait silence, avec cette brusquerie et en même temps cette nécessité absolue qui font le prix de sa musique, ce silence-là surgi de la baguette de Jansons est porteur d'une telle émotion qu'il est plus que jamais facteur de continuité autant que rupture du discours musical.

Il est soutenu par un orchestre de la radio bavaroise qui, ayant déjà donné deux fois ce programme à Munich, arrive à Luxembourg au sommet de ses moyens : rien que le jeu sur les textures et les couleurs différentes des cordes au début du scherzo suffirait au bonheur du mélomane – mais c'est encore mieux quand un chef aussi stimulant que insuffle la vie à ces merveilles sonores.

Crédit Photographique : © Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks.

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