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Lili Boulanger par Alain Galliari

« Ce n'est pas de la musicologie mais une autre façon de rendre hommage », prévient , auteur de monographies sur Berg et Webern. L'auteur retrace, d'une plume alerte et élégante, l'existence aussi courte que fulgurante de la compositrice , dont on fête cette année le centenaire de la mort.

Sœur cadette de la « grande Nadia », dont la carrière de pédagogue est dans toutes les mémoires de musiciens, est de constitution fragile, avec cette faiblesse des poumons qui la force souvent à garder le lit. Elle participe de loin à l'effervescence musicale qui anime le foyer familial dirigé de main de fer par leur mère Raïssa Mychetski, cantatrice russe restée seule après le décès de son mari Ernest Boulanger, compositeur et professeur de chant au Conservatoire. Elle l'avait épousé à 19 ans alors qu'il en avait 62 !

Nadia acquiert rapidement des bases solides en matière d'écriture et nombre de prix au Conservatoire. Lili est en admiration, et suit parfois sa sœur dans la classe de composition de , un ami de la famille. Elle glane des conseils ici ou là, ceux du bon notamment, à qui elle montre ses premiers essais de composition. Alors que Nadia essuie un quatrième échec au Concours du Prix de Rome, auquel elle devra renoncer, Lili a choisi sa voie. Elle veut être compositrice, au grand dam de Nadia qui ne lui en reconnaît pas les compétences. C'est pourtant Lili, à dix-neuf ans, qui décroche le Grand Prix de Rome. Première femme élue par l'Académie, pour sa cantate Faust et Hélène qui est défendue le 5 juillet sous la coupole, Nadia tenant la partie de piano.

La déclaration de guerre en 1914 interrompt son séjour romain à la Villa Médicis. Les quatre années qui lui restent à vivre seront une lutte constante contre la tuberculose que la passion d'écrire lui fera parfois oublier. Juste le temps d'ajouter une quinzaine d'opus à son catalogue dont les esquisses d'un opéra, La princesse Maleine d'après Maeterlinck, qui figure également dans les nombreux projets de scènes lyriques abandonnés par Debussy.

S'expriment tout à la fois, dans ce récit touchant et bien conduit, l'urgence, la passion et le don extraordinaire, « cette chose injuste et blessante qui ne se combat pas » écrit , « il n'y a qu'à s'incliner ».

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