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Concertos pour orgue de Haendel par Michel Chapuis

La réédition de six des Concertos pour orgue de Haendel par enregistrés en 1997 nous restitue une interprétation qui, si elle n'a rien de révolutionnaire, offre le plaisir du beau jeu partagé.

Le succès des concertos pour orgue de Haendel a été pratiquement ininterrompu depuis leur création au XVIIIe siècle. En témoignent à l'époque les nombreuses publications de partitions plus ou moins autorisées, puis les innombrables enregistrements discographiques depuis le milieu du XXe siècle.

C'est dans sa période londonienne que invente la forme du concerto pour orgue et orchestre pour servir d'intermèdes à ses oratorios. Le public était très friand de ces interludes instrumentaux où le compositeur lui-même tenait la partie d'orgue, donnant libre cours à sa virtuosité dans des improvisations très remarquées de ses contemporains. Ces concertos sont pour la plupart une mosaïque de mouvements transcrits par Haendel à partir de ses propres œuvres, dont certaines sont réutilisées sous diverses formes cinq ou six fois. C'est à une véritable entreprise de séduction que Haendel se livrait avec ces concertos : la survie de son théâtre en dépendait, car les oratorios seuls n'auraient pas suffi à le remplir sans ces intermèdes faciles à entendre.

On ne compte plus les enregistrements discographiques des concertos pour orgue de Haendel. Après la version historique de avec l'orchestre (Erato), les interprétations ont su évoluer avec la connaissance du style baroque, et les éditeurs ont exploité le filon comme Haendel l'avait entrepris à son époque. Il s'agit ici de la réédition d'un enregistrement de 1997 où le regretté Michel Chapuis est accompagné par l'Orchestre de chambre du Marais dirigé par l'organiste . On peut s'étonner que cet ensemble « à l'ancienne » joue sur instruments modernes.

, chef de file de la redécouverte des orgues historiques et des interprétations « musicologiquement documentées », n'aurait-il pas mérité un orchestre plus affûté ? C'est surtout dans les passages où l'orgue dialogue avec un instrument soliste (comme le violon et le violoncelle dans le troisième concerto) que le choix des instruments modernes peut s'avérer discutable. Toutefois, on doit reconnaître à l'ensemble une belle énergie et le choix de tempi allants. Et on retrouve sous les doigts de son inégalable sens du phrasé et une belle liberté dans les cadences improvisées. La meilleure illustration de ce toucher remarquable s'entend dans la subtilité de l'andante du quatrième concerto. Quant à l'orchestre, il est précis dans ses attaques et fait preuve, comme nous l'avons dit, d'un bon sens du tempo. L'orgue choisi, un instrument d'une dizaine de jeux construit par Jean David, a la modestie de ceux sur lesquels Haendel jouait ses concertos au théâtre.

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