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Bouquet de fleurs de Martinů dans une nouvelle version tchèque

Inspiré par les grands poètes tchèques classiques, et en particulier par le recueil de chants populaires moraves de František Sušil, Martinů composa Kytice (« Bouquet de fleurs »), une cantate pour solistes, chœur mixte, chœur d’enfants et orchestre grâce à une commande de la Radiodiffusion tchécoslovaque. Un vigoureux chef-d’œuvre à découvrir.

Kytice reçut sa création en version radiophonique en avril 1938, et pour son premier enregistrement commercial en 1955, très réussi, la Philharmonie tchèque était placée sous la direction du fameux Karel Ančerl avec la participation d’excellentes voix solistes, du Chœur tchèque et du Chœur d’enfants de Kühn. Le compositeur, qui vécut en exil de 1938 jusqu’à sa mort, n’entendit jamais sa musique, composée de huit parties traitées deux par deux où il oppose différents thèmes majeurs : l’amitié et l’amour (L’Amie meilleure que la famille), la mort (L’Homme et la mort), la nature (Idylle/Selanka)… Martinů décline une riche palette expressive, maniant avec délicatesse un lyrisme léger, brodant avec tact sur les voix d’enfants (Koleda), extrayant des réminiscences populaires (le Bouquet appartient à la période folklorique du compositeur), optant tantôt pour l’éclat volontiers dramatique de l’ensemble orchestral, se jouant des contrastes avec efficacité, innovant parfois au niveau des timbres (présence de deux pianos, d’un harmonium, travail sur les vents) sans se refuser l’utilisation d’images sonores empruntées à la nature, ni le plaisir d’illustrer le style de la ballade et de s’en évader avec ses fantaisies rythmiques.

Figure majeure de l’après-guerre en Tchécoslovaquie, Jan Novák s’installa aux États-Unis où il étudia avec Aaron Copland à Tanglewood et Martinů à New York, avec lequel il entretenait une proximité artistique et humaine dont on retrouve des marques patentes dans sa musique. Esthétiquement, Novák adopte un néo-classicisme redevable de Stravinsky (et de Prokofiev), il s’appuie aussi sur des traits venus du jazz. Ses Danses philharmoniques (1956) évoquent Martinů, certes, mais affichent une indéniable personnalité. Il y déploie des thèmes de danses rehaussés par une orchestration généreuse et opulente.

Les artistes tchèques de cet hommage à Martinů et Novák, disciplinés, accomplis et assurés, méritent de recevoir les meilleurs qualificatifs.

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