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Schumann par le London Symphony Orchestra et Isabelle Faust

Lors de son concert parisien, le London Symphony Orchestra devait initialement accueillir la pianiste Maria João Pires qui, retirée des concerts, avait été remplacée par Piotr Anderszewski. Ce dernier, souffrant, a dû à son tour céder sa place à , qui a accepté de jouer au pied levé le Concerto pour violon de Schumann.

Ce concerto écrit en 1853 est encore très rare au concert. , qui connaît bien la partition puisqu'elle l'a enregistrée récemment (en 2015, avec le Freiburger Barockorchester, sous la direction de Pablo Heras-Casado), sauve certes la soirée, mais en prenant quelques risques. Outre le fait que l'orchestre et l'interprète ne réussissent pas à établir véritablement un dialogue (on le comprend d'autant plus qu'il s'agit d'un changement de dernière minute), se pose notamment la question du tempo, irrégulier… même beaucoup. Nous ne savons si cela vient de la soliste ou de l'orchestre, probablement des deux, mais dans une progression musicale bancale, le thème de rondo final qui revient à chaque fois, au lieu de donner un élan de renouvellement, rend la musique assez monotone. Intériorisée, l'œuvre demanderait plus d'entente et de mûrissement en un véritable partenariat mutuel, ce qui manque cruellement à cette interprétation. Il est dommage qu'on ne puisse pas entendre l'excellente dans des conditions idéales, mais cela étant dit, la performance est tout à fait honorable précisément en raison des difficultés d'exécution de la pièce.

Au début du concert, l'Ouverture, Scherzo et Finale marque l'auditoire par la sonorité homogène et veloutée de l'orchestre. Après le Scherzo où Sir insiste nettement sur la cellule rythmique de note pointée, un tempo très enlevé pour ne pas dire précipité du Finale, rend l'écoute peu confortable.

Dans la Symphonie n° 4 (version de 1841), après l'entracte, les musiciens du LSO semblent trouver beaucoup plus de liberté, tout en jouant debout. Cette liberté est flagrante lors du changement subit de tempo (toujours !) et de nuance pour le trio dans le Scherzo. Mais l'énergie et l'inspiration dont font preuve les musiciens — même si les trompettes et les trombones restent assez en retrait —, doublées par la sonorité des cordes qui imitent plus ou moins les instruments d'époque, galvanisent la salle qui les applaudit longuement.

Crédit photographique : Isabelle Faust © Felix Broede

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