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Anna Kasyan chante les cantates italiennes de Haendel

Pour son premier opus discographique, délaisse le répertoire mozartien et bel cantiste qu'elle affectionne, pour se tourner vers le répertoire baroque, avec ces cantates italiennes de . Un programme dramatique et virtuose où la jeune soprano fait preuve d'une vocalité impressionnante, portée par une théâtralité parfois un peu excessive.

Ces cantates de chambre, où Margherita Durastanti excella en son temps, furent composées par le jeune Haendel à l'intention de la haute société italienne, avant son départ pour Londres. Elles font revivre avec passion les tourments de ces héroïnes déchirées entre amour et devoir. Oscillant entre amour et haine, à l'origine de sentiments mêlés (amour naissant, excitation frémissante, nostalgie, douleur de la séparation, rage de la trahison et haine), elles se présentent comme autant de clair-obscurs musicaux où se succèdent airs et récitatifs, tantôt lents, tantôt rapides, requérant maîtrise vocale et engagement scénique.

Lauréate de plusieurs concours internationaux, dont le concours de bel canto Vincenzo Bellini, la fougueuse soprano, musicienne accomplie, tente avec cet enregistrement un pari  audacieux, et surprend là où on ne l'attendait pas… En effet, c'est paradoxalement dans les mouvements lents que la chanteuse donne sa pleine mesure et libère l'émotion par son legato envoûtant et ses pianos parfaitement timbrés : « Gìa superbo del mio a anno » (Lucrezia) et « O dolce mia speranza » (Crudel tiranno Amor). En revanche, les mouvements rapides semblent parfois un peu pénalisés par une précipitation de la ligne vocale, délétère pour la clarté de l'expression et la crédibilité des affects, qui paraissent trop théâtralisés. Si la vocalité est, à l'évidence, souveraine, très colorée et contrastée, irréprochable dans le phrasé et les ornementations, on regrettera toutefois aussi la présence d'un vibrato marqué qui nuit parfois à la pureté de la ligne.

On notera, enfin, la qualité du continuo d'où se détache l'admirable violoncelle d' : « Sento là che ristretto », sans oublier la cavalcade du clavecin de dans : « Se pari è la tua fè », et les violons et alto de Jorge Jimenez, Anastasia Shapoval et Michel Renard, sublimes dans : « Chiari lumi » (Clori, mia bella Clori) et « O dolce mia speranza ».

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