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Deux grandes dames de la danse au CND

Deux grandes dames de la danse en France réunies dans une même soirée avec des solos mythiques. O Senseï de , duo crépusculaire en hommage à Kazuo Ono, rejoint au panthéon du répertoire le Density 21.5 de .

Créé aux Hivernales d'Avignon en 2015, O Senseï de est un duo crépusculaire et puissamment théâtral. Souhaitant explorer le double et le masculin-féminin, s'efface d'abord derrière , son interprète complice, en costume d'homme et à la gestuelle de Charlie Chaplin. L'illusion est parfaite, danse géométrique et anguleuse, mouvements à la fois fluides et abrupts, la danse surgit dans chaque micro-geste incarné par la danseuse.

Place ensuite au geste et à la grandiloquence théâtrale, avec l'irruption de Catherine Diverrès, qui dévoile une somptueuse robe de velours pourpre aux épaules dénudées. C'est un moment intense où la danseuse conserve toute la puissance de son vocabulaire chorégraphique et la force d'évocation de ses grandes pièces comme Taurides, Voltes ou Penthésilées.

En 1983, Catherine Diverrès est partie au Japon pour y rencontrer Kazuo Ôno. s'est aussi rendue au Japon, apprenant la calligraphie avec un maître japonais. Son solo Immersion rend hommage à cet art ancestral, à l'inspiration du peintre et au geste du pinceau. À 75 ans, la chorégraphe est toujours habitée d'un souffle unique et fait vibrer le moindre geste des doigts ou de la main. C'est un intense éblouissement de la voir danser à nouveau, douée d'une éternelle jeunesse.

Depuis qu'elle a transmis Density 21.5 à Isida Micani, ce solo emblématique créé à l'Opéra de Paris en mai 1973 à la demande de Rolf Liebermann pour une soirée d'hommage à Varèse, n'est plus tout à fait le même sans la blondeur longiligne, l'intensité fébrile de la chorégraphe américaine. Il est devenu autre, plus lisse, bien exécuté, mais moins habité. Tout était pourtant dans ce solo tendu comme un arc, délicat et subtil, émaillé des petits gestes saccadés qui caractérisent le style de la chorégraphe américaine.

C'est aussi le cas avec Mandala, le solo qui clôt la soirée autour du thème d'un cercle celtique. Les longs cheveux envoutants de la danseuse, , n'y font rien, ce solo tourne en rond sans apporter de supplément d'âme. La forme du cercle est déclinée depuis le début du solo, le cercle central d'abord délimité par la projection lumineuse d'une image, s'agrandissant au fur et à mesure jusqu'à la lisière d'un cercle de sable. La chorégraphe suit elle-aussi des formes concentriques, s'élargissant et se rétrécissant progressivement.

La soirée qui réunissait les pièces de répertoire de ces deux grandes dames de la danse française poursuivait, après Vera Mantero et Claudia Triozzi ou et Maguy Marin, un cycle de rencontres chorégraphiques au sommet entamé l'année dernière par le CND.

Crédit photographique : © Elian Bachini,

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