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Hommage de Ragna Schirmer à Clara Schumann

Une passion de longue date pour Clara Wieck Schumann anime la pianiste . Son dernier enregistrement aux côtés de la Staatskapelle Halle nous la présente à la fois comme compositrice et interprète.

Après avoir enregistré les Variations sur un thème de Robert Schumann (Liebe in Variationen, Berlin Classics), la pianiste a choisi pour ce disque le Concerto en la mineur d'une toute jeune Clara Wieck. Il est associé au Concerto n° 4 de Beethoven que Clara interprétait régulièrement à partir de 1846. Deux œuvres dans lesquelles la pianiste pouvait faire preuve de sa célèbre virtuosité, qui la plaçait au même niveau que ses confrères masculins Sigismund Thalberg et Franz Liszt.

Le premier concerto met en avant la virtuosité pianistique (avec notamment des enchaînements d'octaves audacieux), l'orchestre se cantonnant souvent à un rôle de soutien ou d'accompagnement, malgré l'orchestration en partie réalisée par Robert Schumann. Sans grande profondeur émotionnelle, l'œuvre s'avère pourtant très stimulante (la maturité de la jeune compositrice qui l'achevait à 16 ans est d'ailleurs étonnante). Cet effet est renforcé par l'interprétation attentive et vivante que lui offrent et , notamment dans le dernier mouvement au rythme enlevé de polonaise. La romance qui arrive sans rupture entre le premier et le dernier mouvement intervient comme une parenthèse lyrique dans laquelle le violoncelle de Hans-Jörg Pohl entame un beau dialogue de bel canto avec le piano. Sans être inconnu (citons les enregistrements de Francesco Nicolosi avec l'Alma Mater Sinfonietta ou Shoko Sugitani avec l'Orchestre symphonique de Berlin), ce concerto méritait ce nouvel hommage.

Si le Concerto n° 4 de Beethoven ne manque pas d'excellentes versions par ailleurs, il reste ici très bien mené, équilibré, qu'il s'agisse de la relation soliste-orchestre ou de l'apport dramatique de l'interprétation. Les artistes sont particulièrement convaincantes dans les premier et dernier mouvements, espiègles et très vivants. Le second mouvement ne souligne pas trop l'opposition avec l'orchestre ou le côté dramatique de ce dialogue, souvent comparé avec celui d'Orphée et les Furies : il est bien mené, sans transporter. Parmi les nombreuses cadences qui existent pour ce concerto, cette version propose naturellement celles composées par , à l'époque où elle travaillait déjà sur son propre deuxième concerto : une cadence empreinte d'un certain romantisme dans le premier mouvement et bondissante et gracieuse dans le dernier.

L'orchestre de la Staatskapelle, bien qu'issu de la fusion en 2006 du Philharmonischem Staatsorchester et de l'Opernorchester Halle, y fait preuve d'une belle homogénéité. Sans sonner comme un très grand orchestre (est-ce bien nécessaire pour cette œuvre somme toute assez sereine ?), il ne manque pas de relief. La prise de son, qui met légèrement en avant la soliste, est de qualité, malgré un enregistrement en direct. Enfin, bien que ait expérimenté ces œuvres sur un piano à queue Blüthner de 1856, c'est ici un Steinway D qui a été choisi : sans être une reconstitution historique, cet enregistrement est une plongée enthousiasmante, bien qu'un peu courte, dans l'univers de .

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