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Ma vigne en musique, Narbonne Classic Festival, 3e édition 

Installé depuis cinq ans à Narbonne, le pianiste y a créé en 2016 un festival dans le but de donner des occasions de faire connaître la musique classique à un large public et dans des lieux emblématiques de la région.

Créer un festival de musique classique à Narbonne qui se situe entre deux villes géantes en la matière, Montpellier et Toulouse, n'était pas une mince affaire. C'est un récital de , à Narbonne il y a deux ans, sur des pianos ancien et moderne après la parution de son double album Helldunkel (Evidence classics) qui a été le point de départ de ce festival. Pour cette troisième édition, la manifestation compte déjà une dizaine de concerts sur une semaine entière, sans compter les séances scolaires. Pour les habitants de la ville qui ne bénéficiaient pas d'offre conséquente, c'est aussi un vrai moment de plaisir. D'autant que les musiciens sur scène leur sont familiers ; ce sont soit des professeurs du Conservatoire qui ont des activités de solistes, soit des personnalités bien connues comme ou Marie-Christine Barrault.

À l'ouverture du festival, le 7 avril, dans la Salle des Synodes pleine à craquer, la mezzo-soprano Daniel Scotté chante des mélodies et des airs connus en faisant fredonner le public, grâce à des gestes et expressions corporelles rodées. Pour les chants moins connus, la présentation de , toujours vive avec des anecdotes drôles, rend ces musiques accessibles.

Le lendemain, au Château Le Bouïs, le Trio d'Anches constitué de Paul et et de , propose un pot-pourri de transcriptions (Variations sur « La ci darem la manno » de Beethoven, un Prélude de Bach…) pour clarinette-hautbois-basson, mais également de compositions spécifiques pour cette formation. C'est le cas d'Approaching a City de , qui fait partie d'un triptyque inspiré de tableaux du peintre américain Edward Hopper. La pièce « exprime à la fois le statisme et le mouvement que l'on voit sur le tableau », selon le compositeur. Avec en bruit de fond celui d'une pluie exceptionnellement forte, les trois interprètes offrent une prestation plaisante et légère, avec, une fois de plus, la présentation joyeuse de . Après le concert, une dégustation de plusieurs millésimes offerte par le domaine ravit les courageux qui ont bravé le déluge.

Année Debussy oblige, , spécialiste de sa musique (intégrale des œuvres pour piano du compositeur en une seule journée en 2012, donnée à plusieurs reprises, lors des 150 ans de sa naissance) construit son programme du 10 avril à la Salle des Synodes autour de la relation entre Debussy et différents artistes et courants artistiques : évocation de Watteau, rencontre du compositeur français avec Liszt à la villa Médicis et l'aspect listzien dans sa musique, citations presque textuelles de Chopin ou de Grieg dans ses compositions… En excellent orateur, insère comme à l'accoutumée des analyses musicales et des anecdotes entre les pièces, qui suscitent une écoute attentive.

Jeunes interprètes et musique de chambre à l'honneur

Le concert « off » avec le Réquiem de Fauré fait de nouveau salle comble dans la Cathédrale Saint-Juste et Saint-Pasteur, le lundi 9 avril. Sous la direction de Bertrand Bayle, l'Orchestre Symphonique de Narbonne et cinq chœurs de la région réunis (Les Agités du vocal d'Agde, Montacanto de Montagnac, Les Poly-Sons de Prades, Serenata du Boulou et Via Lyrica de Narbonne) donnent trois œuvres chorales de Fauré : le Cantique de Jean Racine op. 11, la Pavane op. 50 et le Requiem op. 48. Si la perfection de l'exécution est encore loin, c'est d'abord le plaisir de jouer et de chanter ensemble qui prévaut.

Le Festival n'oublie pas la jeune génération émergente. Le concert « Génération Spedidam », le 11 avril à la Salle des Synodes, présente deux jeunes musiciens talentueux, le violoncelliste Damien Ventula et le pianiste , déjà bien connus des mélomanes. Dehaene crée notamment une nouvelle pièce de la compositrice en résidence pour cette édition du Festival, , Prélude pour piano op. 185, à côté d'une autre pièce de sa plume, Elégie pour violoncelle et piano op. 68. Outre le concert d'ouverture, on assiste à deux concerts où troque sa casquette de directeur artistique pour celle de pianiste : le 12 avril en musique de chambre avec quatre solistes de l'Orchestre national du Capitole de Toulouse, avec la création de la commande du festival Quintette Saint-Exupéry op. 239 de , et le 14 avril, en solo, où on entend une fois de plus une création mondiale de la compositrice : Préludes. Trois créations mondiales pour un festival qui n'a que trois ans, c'est un bel exploit, que beaucoup d'autres manifestations pourraient prendre comme modèle.

Moments conviviaux dans les domaines viticoles

Deux concerts dans des châteaux sont également des moments conviviaux. L'un est consacré à des airs d'opéra avec l'accompagnement original d'un cor et d'une harpe, au Château de Marmorières. Le concert de clôture par Pascal Contet à l'accordéon avec Marie-Christine Barrault comme récitante qui lit avec grâce les textes de Louise de Vilmorin, Gerge Perec, Francis Carco, Victor Hugo et d'autres auteurs, en hommage à Saint-Exupéry, dans le domaine familial de ce dernier, au Château Pech-Céleyran, est l'ultime moment fort de cette édition.

Crédits photographiques :  photo 1 et 3 © Mairie de Narbonne ; photo 2 : Françoise Choveau © Ma vigne en musique

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