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Sviatoslav Richter joue Schumann et Brahms : une somme désordonnée et lacunaire

Immense interprète de Brahms et Schumann, Richter appartenait à une époque peu férue d'intégrales ; ces enregistrements publiés par Hänssler mêlent de façon assez brouillonne captations de concerts et reprise d'enregistrements de studio bien connus, avec de nombreux doublons. La magie du jeu de pianiste russe est intacte, mais l'ensemble est à réserver aux passionnés déjà très au fait de la discographie du maître.

Profil Hänssler édite peu à peu de gros coffrets d'archives de  ; après Beethoven et surtout Schubert à Moscou, voici un ensemble plus hétérogène autour de Schumann et Brahms essentiellement (mais aussi le rare Quintette opus 64 de ). L'essentiel, soit les huit premiers disques, est consacré à des œuvres de Schumann jouées par le pianiste russe, avec quelques singularités : absence des Scènes d'enfant et des Sonates n° 1 et 3, choix d'interpoler les études posthumes dans le cycle des Études symphoniques, de ne retenir que des extraits des Fantasiestücke ou des Novelettes

De plus l'éditeur a opté pour la reprise en bonus d'enregistrements de studio tombés dans le domaine public ; en définitive, il y a donc relativement peu d'inédits, puisque les gravures de studio sont connues de longue date et disponibles chez DG (Concerto, Introduction et allegro appassionato, Waldszenen, Novelette n° 1, Fantasiestücke), EMI (Fantaisie, Papillons, Sonate n° 2, Carnaval de Vienne), ou Melodiya/BMG (Humoreske). Les inédits dans cette somme un peu désordonnée, sont à chercher dans les nombreuses versions de concert captées dans les années 50 à Leningrad, Moscou ou Kiev, malheureusement parfois dans un son assez médiocre, voire sur des instruments de seconde qualité (le piano de Kiev en 1960 pour la huitième Novelette est une véritable casserole). Quant aux mélodies, dont le Dichterliebe (et un lied de Clara), elles sont chantées en russe par ce qui leur confère un caractère exotique…

Au milieu de cet ensemble hétérogène subsistent de nombreux instants miraculeux, comme à la fin des Papillons par exemple, qui rappellent que Richter fut un génie du piano capable d'atteindre des sommets de poésie en quelques mesures. Les quatre derniers CD sont dévolus à Brahms, dans des gravures somptueuses, mais là encore déjà bien connues : les deux Sonates pour violoncelle avec « Rostro », le légendaire Deuxième concerto de Chicago avec Leinsdorf (et une version enflammée en concert sous la baguette de , dommage seulement que le cor de Boston soit en déroute ce soir-là…), et le grandiose Quintette avec les Borodine ; la Deuxième sonate et une sélection bien partielle des pièces de l'opus 118 complètent ce portrait incomplet d'un compositeur que Richter a beaucoup servi. Reste, bonus non annoncé sur la pochette, le véhément Second quintette de Reger avec les Borodine, pour le coup une vraie rareté !

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