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Pieter Wispelwey et Paolo Giacometti dans Schubert et Brahms

et livrent le quatrième et hélas déjà dernier volet du pèlerinage des duos Schubert-Brahms. Cette fois-ci, les chambristes interprètent des œuvres écrites originellement soit pour violon et piano, soit pour clarinette ou alto et piano.

Le disque s'ouvre sur le Rondo en si mineur D. 895 de , abordé avec brio et une certaine âpreté de la sonorité du violoncelle, en contraste avec celle du piano, ennoblie par des teintes claires.

La Sonate en sol majeur op. 78 de se voit ici transposée, par Paul Klengel, d'une quarte au-dessous. Si l'exécution du Rondo de Schubert est pleine de bravoure, celle de la page brahmsienne saisit par la mise en lumière de la simplicité du contour, le raffinement du legato, la douceur du toucher du pianiste, de même que par la délicatesse « rêveuse » du violoncelliste. On notera, par contre, que la poésie du jeu de celui-ci va parfois jusqu'à faire valoir le côté mélancolique inhérent à cette œuvre qui demeure une pièce capitale du répertoire romantique de musique de chambre, en laissant l'aspect dramatique légèrement à l'arrière-plan. La force évocatrice du dialogue entre les deux musiciens est sciemment atténuée, ici par des sonorités boisées et graves ainsi que par des phrasés amples et voluptueux de l'instrument à cordes, là, pour le piano, par une expressivité s'abstenant de tout excès ; mais on sent « la griffe du lion » dans la coda du premier mouvement et dans les climax.

Pour ce qui est de la Sonate en fa mineur op. 120 n° 1, elle est présentée selon l'arrangement de Brahms pour alto et piano. et expriment de cette partition un grand nombre de nuances témoignant de la richesse des ambiances qui l'embaument. D'une finesse rare, leur interprétation captive par une palette de couleurs tantôt apaisantes, tantôt vibrantes et énergiques. Leur chant est commun, suave, proportionné et mesuré, mais également, par moments, éclatant. Tout respire ici largement, en s'harmonisant parfaitement avec l'esprit brahmsien. Par conséquent, la narration nous fait percevoir aussi bien l'humour « raboteux » que le lyrisme mélancolique typiques de cette œuvre.

Avec le piano capté en retrait et le violoncelle mis en avant, on a l'impression d'être assis proche de qui semble nous chuchoter à l'oreille comme s'il voulait nous confier un secret émanant du fond de son âme.

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