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Lucien Cailliet, transcripteur, arrangeur et compositeur, volume 2

Il semble bien que le premier volume des transcriptions, arrangements et compositions de Lucien Cailliet ait eu du succès auprès des mélomanes – n'en déplaise aux puristes ! – puisque le label Pristine Audio récidive avec un deuxième album.

C'est certainement l'ingénieur du son responsable des transferts irréprochables, , qui a suggéré ces réalisations de (1891-1985) à Pristine Audio, lui qui avait déjà réalisé un transfert de la version Cailliet des Tableaux d'une Exposition de Moussorgski, publié dès 1997 chez le label défunt Biddulph (WHL046).

Ce deuxième volume suit plus ou moins la structure du premier, avec quatre transcriptions d'œuvres de Bach, aux côtés de pages plus récentes, dont trois des plus célèbres Préludes de , et en fin de programme une composition de  lui-même, en l'occurrence un arrangement humoristique de Happy Birthday to You gravé avec son enthousiasme coutumier par  et ses Boston « Pops ».

Peut-être le Janssen Symphony of Los Angeles, du nom de son chef fondateur  (1899-1990), est-il le moins connu des orchestres de ce disque en nos contrées : composé des meilleurs instrumentistes américains qu'Hollywood avait à offrir, il fut notamment célèbre pour son enregistrement de la Genesis Suite, œuvre collective d'essence biblique, de divers compositeurs (1943-45) : Nathaniel Shilkret, auteur du projet, Mario Castelnuovo-Tedesco, Darius Milhaud, Arnold Schoenberg, Igor Stravinsky, Alexandre Tansman et Ernst Toch. Sa vision de la célèbre Toccata et fugue en ré mineur BWV 565 de Bach s'embarrasse peu de subtilité, surtout dans l'ajout par Cailliet d'un contrepoint de cuivres envahissants et vulgaires de 5:00 à 5:20, que la distorsion de l'enregistrement est loin de tempérer… Comme l'écrit dans ses commentaires, « l'orchestre de Janssen joue avec vigueur, mais avec un ensemble parfois décousu qui ne serait jamais confondu avec les Philadelphiens de Stokowski. »

Le chef d'orchestre américain (1900-1962) fut également directeur artistique de la RCA Victor, et son interprétation discrète de l'Air de la Suite pour orchestre n° 3 en ré majeur BWV 1068 de Bach, contrastant en qualité avec la page précédente, est une belle réussite. C'est toutefois  qui se taille la part du lion avec les dix plages suivantes, défendant les transcriptions de Cailliet avec le métier qu'on lui connaît : si le vibrato des cuivres de Minneapolis est plutôt gênant au tout début du Choral en si mineur « Herzlich tut mich verlangen » [Ardemment j'aspire à une fin heureuse] BWV 727 de Bach, si la Passacaglia en ré mineur BuxWV 161 de Buxtehude est gâchée par un son radiodiffusé distordu, et si l'interprétation est un peu lente et lourde dans l'Allegro final du Concerto en la mineur pour deux violons op. 3 n° 8 de Vivaldi, le Prélude et fugue en si mineur BWV 544 de Bach et le Clair de lune de Debussy sont particulièrement satisfaisants, ce dernier d'une belle orchestration, transparente, plus réussie que celle de Stokowski. Mais il reste permis de préférer celle, plus idiomatique, d'André Caplet (1878-1925), l'ami de Debussy…

L'excellent son mono de trois des plus célèbres Préludes de Rachmaninov (car l'un des trois seuls microsillons de cette collection autrement issue de 78 tours) permet de goûter au mieux leurs arrangements idiomatiques, même si l'évocation des « Cloches de Moscou » du premier est estompé par l'absence du côté percutant du piano. Et finalement, le vétéran  (1894-1979) qui, de 1930 jusqu'à sa mort, présida aux destinées du Boston « Pops » Orchestra, ne peut empêcher, avec son interprétation par ailleurs impeccable de la célèbre mélodie de Tchaïkovski Seul qui connaît la tristesse op. 6 n° 6, de nous rappeler la version hilarante de Spike Jones (1911-1965) sous forme de « Soaperetta » digne des plus mauvais films d'amour mélo américains !…

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