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Paris l’Été, un rendez-vous de fraîcheur

Pour le festival Paris l'Été, reprend Tragédie, créé il y a six ans au Festival d'Avignon. Une radicalité qui s'appuie plus sur la forme que sur le fond pour ce spectacle manifeste. Tandis qu'à l'Hôtel de Sully, propose une promenade pleine de fraîcheur.

Ils sont nus, enchaînant les mêmes pas d'une marche martiale allant du fond de scène vers le public, et ce, pendant près de trois quarts d'heure ! La première partie de Tragédie, qui allait former pour le premier volet d'un triptyque maximaliste poursuivi avec AUGURI, est un véritable « statement », une déclaration de force et de puissance, en tout cas sur la forme. Dix-huit corps, jeunes et moins jeunes, minces ou plus ronds, s'affichent dans une nudité pure et dure, sans la moindre complaisance ni voyeurisme. À partir d'un module identique, le défilé s'enrichit progressivement de multiples variations, lignes doublées, recoupées, croisées ou brisées, sur une musique électro aux basses prononcées.

Au mitan du spectacle, deux groupes se forment, hommes d'un côté, femmes de l'autre. On croit alors qu' souhaite signer une nouvelle version du Sacre du printemps, d'où émergeraient un élu et une élue. Un temps isolés, les deux interprètes replongent dans le maëlstrom des corps nus, redevenant anonymes et mêlant leurs gestes à ceux de leurs co-interprètes.

La partie qui suit cette éclipse un peu suspendue, tant chorégraphiquement que musicalement, repose alors sur la confusion des corps et des sens. Le rythme s'intensifie, les parcours s'entrechoquent et s'emmêlent, créant une impression foisonnante, mais toujours hypnotique. Emmenant les danseurs jusqu'à la transe, en passant par l'épuisement, cette vague qui ne cesse de gonfler puis de refluer est aussi hypnotique que la première partie. Et pour mieux la fixer dans notre rétine, une séquence de lumières stroboscopique conclut ce spectacle impressionnant, dans tous les sens du terme.

Promenade à Sully avec

À l'inverse, la proposition conçue par la chorégraphe pour Paris l'Été avec les Monuments nationaux offre un îlot de fantaisie et de fraîcheur en pleine canicule parisienne. Avec la complicité de ses quatre danseurs, elle propose de faire visiter l'Hôtel de Sully, dont les cours et le jardin relient la place des Vosges à la rue Saint-Antoine. Derrière les fenêtres de l'Orangerie, les mouvements se prolongent, passant d'un interprète à l'autre, entre le premier étage et le rez-de-chaussée. Puis les interprètes emmènent les spectateurs à la découverte des petits détails qui marquent l'histoire de cet hôtel particulier, construit pour Sully, qui était surintendant des finances. Mêlant les histoires et les époques, valorisant l'architecture, cette visite dansée menée avec un délicieux accent italien est un enchantement bon enfant.

Crédits photographiques : © François Stemmer

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