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Avec Isabelle Faust, un octuor de Schubert touché par la grâce

Inhabituel par sa formation et sa découpe en six mouvements,  l'Octuor de Schubert est un chef-d'œuvre absolu à mi-chemin entre la musique de chambre et la grande forme symphonique. a réuni autour d'elle plusieurs chambristes qui parviennent sous son impulsion, on pourrait presque dire sa direction, à restituer toutes les facettes de cette merveilleuse partition.

Certains aspects de l'évolution esthétique récente d' ont pu dérouter voire décontenancer les critiques (son concerto de Mendelssohn notamment). On n'en est que plus heureux de saluer cette très belle version du merveilleux octuor de Schubert, dans laquelle la violoniste, entourée de musiciens qu'elle a choisis et qui partagent son esthétique, est pleinement aboutie.

Commandé en 1824 par le comte Ferdinand Troyer pour faire pendant au septuor de Beethoven, cet Octuor va en fait beaucoup plus loin, par son inventivité, ses dimensions (six mouvements de près d'une heure) et la richesse de ses timbres qui en font un chef-d'œuvre à part. Il s'est révélé le moyen pour Schubert de « se frayer un chemin vers la grande symphonie » que l'ampleur du premier mouvement ou des deux mouvements lents annonce clairement.

s'est entourée d'instrumentistes qu'elle a choisis pour leur accord avec ses options stylistiques, notamment des cordes économes en vibrato et des vents d'une facture ancienne (originaux ou copies). Le résultat enthousiasme à la fois par la cohésion de l'ensemble et par la qualité des interventions individuelles ; c'est particulièrement frappant dans le merveilleux andante à variations, quatrième mouvement qui met successivement en valeur les différents timbres de l'ensemble. D'autres moments de grâce s'imposent, comme la géniale introduction andante du finale, aux accents pré-webériens, où se distingue le cor soliste. Seule mince réserve, les interventions successives du violon et de la clarinette dans l'allegro finale partagent une sonorité un peu caquetante que gomment les instruments modernes, notamment des clarinettes plus gouleyantes. Mais sinon, quel régal d'un bout à l'autre ! En complément, Isabelle Faust a demandé à d'arranger pour octuor deux des cinq menuets D89, pages à la fois chantantes et savoureuses qui supportent aisément cette transcription discrète. Un disque touché par la grâce.

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