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Premières sonates de Weinberg par l’ensemble Des Équilibres

À l'approche du centenaire de , le compositeur russe d'origine polonaise suscite un intérêt croissant des interprètes. se saisit de ses premières Sonates pour violon et piano avec pour partenaire 

Les deux interprètes sont connus et appréciés dans la musique française, comme l'attestent dans ces colonnes le précédent disque d' avec son ensemble Des Équilibres dans des trios de Roussel, Cras, et Joseph-Ermend Bonnal (Arion), et plusieurs disques solistes de  récompensés d'autant de Clefs ResMusica, de Dukas (Timpani), Fauré (UT3 Records) ou Pierné (Timpani). Mais ils se distinguent aussi par leur goût pour les répertoires rares d'Europe centrale et de l'Est. Le premier disque signé par Des Équilibres fut le premier enregistrement mondial des quatuors du Hongrois Sandor Verress tandis que le pianiste participe à l'aventure de l'Ensemble de Musique Incidentale, dont le disque « Même à Auschwitz… » fut lui aussi salué par une Clef ResMusica.

Écrites respectivement en 1943, 1944 et 1947, les trois premières des six sonates pour violon et piano de Weinberg se caractérisent par un caractère détendu et lyrique qui ne laisse pas entrevoir que l'artiste qui écrit ses pages a fui son pays natal pour échapper au ghetto et à la mort, trouvant un refuge d'une sûreté relative en URSS et un soutien sans faille avec Chostakovitch qui deviendra son ami. La Sonate n°1 de 1943 est dédiée à son beau-père l'acteur Solomon Mikhoels, qui fut assassiné en 1948 par Staline au moment du congrès de sinistre mémoire de l'Union des Compositeurs soviétiques où Jdanov mit au pilori notamment Chostakovitch, Prokofiev pour « formalisme petit-bourgeois » et s'attaqua au « cosmopolitisme » (autant dire les juifs…). En 1953, Weinberg est arrêté par le KGB alors que l'antisémitisme d'État fait rage avec le « Complot des blouses blanches », et n'est sauvé que par la mort inopinée de Staline.

D'une durée similaire, chaque nouvelle sonate montre plus de souffle et de maîtrise que la précédente, la Sonate n°3 de 1947 appartenant à cette période d'après-guerre particulièrement inspirée, où le compositeur trouve un juste équilibre entre une dimension de plus grande forme (le dernier mouvement Allegro cantabile), intériorité plus concentrée (l'Andantino central qui le premier révèle des thèmes juifs) et un souci de rester lyrique et accessible. Autant de qualités qu'on trouvait dans son Quatuor n°6 de 1946. et   sont en affinité avec cette musique, qu'ils interprètent soit de manière légère, délicate et presque lumineuse quand elle se veut souriante, soit avec une sobriété éloquente quand le pathos dont elle est nourrie affleure pudiquement à la surface des notes.

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