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Le Capitole dans les pas de Noureev

ouvre la saison du par un programme-hommage au génie de , disparu il y a vingt-cinq ans. Le directeur de la danse a construit un programme riche, à l'occasion duquel ont été promus étoile les quatre premiers solistes qui font les belles heures de la troupe.

Une pluie d'étoiles est tombée sur le Capitole. À l'occasion de la première du programme Dans les Pas de Noureev, quatre danseurs ont obtenu le titre d'étoile, à l'aune d'une modification du règlement de la compagnie. La récompense n'est pas imméritée : , , et brillent à la tête de la compagnie depuis plusieurs saisons et peuvent rivaliser avec les solistes des plus grandes compagnies.

Les deux couples dansent en alternance dans les deux morceaux de choix du programme : le Grand pas classique de Raymonda en ouverture et le Royaume des Ombres de La Bayadère en clôture. La technique brillante de associée à la sensualité et à la distinction de dans Raymonda forment une association réussie. incarne un Solor au tempérament oriental et passionné, à la technique à la fois noble et puissante. , très belle danseuse au demeurant, reste un peu en retrait, sa Nikiya manquant de cœur. Mais ces quatre-là ont sans conteste réussi à capter la technique redoutable de Noureev. Force est de constater que leur absence se fait sentir dans les quatre pas-de-deux placés au cœur du programme et extraits de Roméo et Juliette, La Belle au bois dormant, Cendrillon et Le Lac des cygnes.

L'Orchestre du Capitole est au rendez-vous sous la baguette de Florian Krumpöck et l'on se laisse aller au plaisir d'entendre résonner la « claque » de Raymonda, d'admirer les sauts vertigineux et le port altier de Solor dans La Bayadère, de soupirer aux élans d'amour de Roméo et Juliette. Néanmoins, la barre reste haute pour certains solistes ou demi-solistes, dont la technique manque d'aisance et de moelleux. Le corps de ballet manque parfois de précision et d'assurance dans ses appuis, notamment les Ombres dans l'acte III de La Bayadère. On aurait aimé voir davantage s'exprimer le talent de Ramiro Gomez Samón ou de , magnifique dans Raymonda. Mais ces imperfections sont aussi là pour nous rappeler l'extrême exigence technique et artistique des variations chorégraphiées par .

Il faut saluer le travail de qui, avec les contraintes qui sont les siennes, fait des miracles : avec l'aide de Charles Jude et d'Élisabeth Platel, grands interprètes de , il transmet à ses danseurs le répertoire du chorégraphe et donne à voir au public une sélection d'extraits emblématiques de ses ballets. Construit de manière intelligente, ce programme, qui est une reprise de celui présenté en 2012 modulo le remplacement de Don Quichotte par Raymonda, a le mérite de donner à voir l'étendue du travail de Noureev et la richesse de son vocabulaire chorégraphique. Le choix de clore la soirée par La Bayadère, dernier ballet créé par Noureev en 1992, quelques mois avant sa mort, résonne comme un émouvant adieu de à celui qui l'a nommé étoile en 1989.

Ne boudons donc pas notre plaisir : Kader Belarbi a réussi son pari de faire entrer au répertoire de sa compagnie de nouvelles pièces de Noureev, de transmettre l'héritage du maître au-delà de l'Opéra de Paris, de faire (re)découvrir au public toulousain ces morceaux de choix du répertoire classique et de faire accéder certains de ses danseurs au rang d'étoile. Un bien joli début de saison !

Crédits photographiques : Raymonda – Natalia de Froberville et © David Herrero

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