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La harpe consolatrice au temps des poilus

À l'heure des commémorations du 100e anniversaire, la publication du volume XXXI « La harpe consolatrice » de la série « Les Musiciens et la Grande Guerre » met un accent bienvenu sur l'apport de la féminité plutôt que le triomphalisme revanchard et inconséquent des hommes.

La série commémorative WW1 Music touche à sa fin mais joue les prolongations avec au total 35 volumes au lieu des 30 prévus initialement. La harpiste franco-coréenne  apporte une grande heure de poésie mi-aérienne mi-aquatique avec un programme original sur l'instrument le plus antinomique à la guerre, et qui par sa délicatesse était associé à la douceur féminine, si cruellement manquante sur le front.

Une châtelaine en sa tour de est la pièce de l'album la plus étroitement associée à la guerre. Non par sa tonalité générale, qui s'inscrit sans suture avec le reste du programme, mais par sa date de création le 30 novembre 1918, et la perception qu'elle constituait une élégie à la France meurtrie par la guerre. Les Six pièces brèves de , fameuse interprète, pédagogue et militante pour son instrument, furent éditées en 1919 et probablement composées durant la guerre. Elles sont dépourvues d'effet, évitent toute démonstration, et d'une étonnante brièveté, parfois moins d'une minute. était harpiste solo de l'Orchestre de l'Opéra de Paris – comme quoi la harpe n'est pas l'apanage des dames – et ses Quatre préludes sont une réédition en 1917 de trois préludes publiés en 1903. D'une facture légèrement plus colorée et plus développée (autour de 2 minutes), ces pièces s'inscrivent dans une atmosphère fin de siècle tout en apaisement.

Musicalement, les plaisirs les plus substantiels sont à rechercher dans les Six pièces (1917) de , aux titres aquatiques (I. Matin sur l'eau; III. En barque, le soir; V. Reflets dans l'eau), ainsi que dans Le jardin mouillé de , composé en 1913. L'impressionnisme y atteint des sommets, il n'y a qu'à se laisser bercer…

Née à Séoul, formée à Séoul, au Curtis Institute of Music de Philadelphie puis Premier prix de harpe à l'unanimité au CNSM à Paris,  distille une poésie d'une délicatesse qui n'est pas de la fragilité, et s'épanouit au mieux dans les pièces les plus évocatrices de la nature et du rêve.

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