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Débuts de Gianandrea Noseda au LSO avec Chostakovitch

Pour entamer son mandat de premier chef invité du , démarre concerts et enregistrements avec

Après une Symphonie n° 5 publiée en juin dernier mais disponible uniquement en téléchargement et sur les plateformes musicales courantes, le label du LSO investit en faisant paraître en ce début d'automne la Symphonie n° 8 en format SACD hybride. Si la publication est rapprochée, deux années séparent ces enregistrements, et la différence est très sensible. La Huitième, enregistrée en concert en avril dernier, sonne de manière beaucoup plus personnelle et concentrée que la Cinquième, et ce n'est pas lié aux caractéristiques propres des œuvres.

Pour appuyer sa légitimité stylistique, le chef italien bénéficie de sa propre expérience de premier chef invité au Théâtre Mariinski, et de l'expérience accumulée par le LSO dans ce répertoire avec Haitink et Gergiev depuis des décennies. Cela ne s'entend guère dans l'enregistrement de la Symphonie n° 5, qui ne se distingue pas vraiment du tout venant de l'interprétation occidentale de cette musique, laquelle la romantise ou la « cinématise » en passant à côté de son double langage. Double langage qui était certes une question de survie sous la terreur stalinienne, mais qui tire peut-être aussi sa source dans la double influence en Russie de l'Europe et de l'Asie.

En revanche dans la Symphonie n° 8, vraisemblablement le plus haut sommet de l'œuvre symphonique de Chostakovitch, on se situe au meilleur niveau actuel, tant sur le plan des climats, de la pure virtuosité orchestrale, que de la capacité à garder la tension sur toute la distance, ce qui est peut-être le plus difficile à faire. Sans remettre en cause la hiérarchie actuelle de la discographie qui reste dominée par les Russes historiques, d'une acidité et d'un mordant encore sans équivalent,  s'impose comme un chef de premier ordre dans Chostakovitch.

Ironie de notre époque nostalgique tentée par les gloires passées et les solutions simplistes, alors que la Russie actuelle remet Staline à l'honneur, on se surprend à trouver que l'interprétation de l'Adagio initial est d'une noirceur particulière, empreinte d'un pessimisme et d'un humanisme tragique qu'il ne serait plus de bon ton d'afficher à Moscou. Ne serait-ce pas le meilleur compliment qu'on puisse faire à Noseda et au LSO ?

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