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Beauté « néo néo tonale » de Fabien Touchard

Poésie épurée, lyrisme expressif : sait nous conduire dans son univers de sensations déroutantes.

Le chant surprend au premier abord, évoquant des styles musicaux du début du XXe siècle, voire bien antérieurs, tandis que les instruments qui dialoguent avec la voix apportent des sonorités et une écriture complexe, plus « contemporaine ». Le compositeur assume ces influences qui « ne renient aucune branche de l'arbre musical » et ose les juxtaposer, les retravailler, pour en faire son propre style.

« Beauté de ce monde »… un bruissement, qui se précise en frottement atone des cordes, dont émergent quelques sonorités ténues, précède la chaude voix de . La mélodie parcourt les vers d'Ilarie Voronca, avec profondeur et pureté, mais non sans une certaine sensualité. L', dirigé par , y déploie la complexité de l'écriture et l'étrangeté de sonorités très raffinées, avec beaucoup d'intériorité.

Dans un rapport toujours intime avec l'écriture poétique, associe quatre poètes d'époques différentes dans L'Horloge et l'abîme, hommage à , commande du Festival Jeunes Talents de 2016. à la flûte, au hautbois et au piano, tous remarquables, y développent une atmosphère chambriste très émouvante, tirant parti d'effets sonores des deux instruments à vent. Le compositeur revendique un discours musical narratif et une inspiration nourrie d'influences, dans un langage très consonant. Pour lui, les citations conscientes se mêlent à des citations inconscientes. On sent que son travail s'inscrit dans une réflexion érudite et sensible sur l'évolution de la musique d'aujourd'hui.

Dans Le silence tombe en moi comme un fruit, les poèmes d'Anne Perrier, chantés par la mezzo-soprano , évoluent du lyrisme vers l'épure, avec de beaux moments suspendus. Le violoncelle de et le piano de , nous font baigner dans une atmosphère lumineuse et fluide, très séduisante, avec de forts contrastes. Un solo de violoncelle très expressif introduit la dernière mélodie.

L'Étude n°2 pour piano, plus ancienne, composée en 2010, évoque parfois Messiaen, mais avec une simplicité tournoyante et obsédante. « In hora mortis », Étude n°4, de 2016, est d'autant plus virtuose qu'elle utilise un piano à 102 notes, permettant des effets de graves et de suraigus inhabituels.

Dans Three things, c'est  qui est au piano pour accompagner la mezzo-soprano , dans une œuvre solaire et caressante, proche de l'univers de la chanson, ce qui ici n'a rien de péjoratif.

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