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Vive la vie à Clermont-Ferrand

Pour cette saison 2018-2019, le Centre Lyrique Clermont Auvergne propose une thématique intitulée tout simplement « Vive la vie ». Mais il célèbre aussi, et surtout, les vingt ans de sa saison lyrique. Début des festivités avec les élèves du Conservatoire Emmanuel Chabrier.

« Tout est à refaire ! » hurle à Tchaïkovski le pianiste virtuose Nikolaï Rubinstein. « Eh bien, je ne changerai pas une note » répondit le compositeur après un long silence. Bien que chacun d'entre eux ait revu son jugement depuis cet échange, voici aujourd'hui une œuvre symphonique devenue un tube de la musique classique : le Concerto pour piano n° 1 en si bémol mineur op. 23. L'alternance de la partition entre épisodes vifs ou calmes, intimes ou exubérants, solistes ou tutti, semble un bon exercice pour ces jeunes adolescents. À l'écoute de la marche brève et vigoureuse des cuivres qui introduit la soirée, on se dit pourtant que la fougue romantique manquera de solidité et de précision face au manque d'expérience de ces apprentis musiciens, pourtant soutenus par quelques professeurs dans chaque pupitre. Quelques problèmes de justesse plus tard (pupitre de violoncelles), la richesse d'un lyrisme débordant émerge timidement malgré une orchestration imposante et grandiose.

Au piano, , enfant de la ville, affirme une technique irréprochable qui n'arrive pourtant pas à émouvoir. Le jeu manque de souplesse, proposant surtout une sonorité dure fortement résonnante du piano, avec des notes quelques peu martelées. Le pianiste sait pourtant mettre en valeur chaque motif, alors que les phrasés sont quelques peu dépourvus d'intensité. À la baguette, le directeur du Conservatoire, , mène pourtant bien ses troupes avec une puissance bien contrôlée et recherchant constamment le bon calibrage entre virtuosité et tendresse.

« J'ai la foi d'un curé de campagne. » Le Gloria pour soprano, chœur mixte et orchestre de est pourtant désormais l'une des œuvres religieuses les plus populaires. Il faudra donc attendre la seconde partie du concert avec cette œuvre pour apprécier pleinement les qualités de l'Orchestre du Conservatoire. Malgré des voix hasardeuses dans le chœur pour le premier numéro (Gloria in excelsis Deo), l'appui rigoureux des cordes fait entrer le Laudamus te dans une certaine finesse. La voix de est un éclat de pureté bienvenue, la soprano déclamant un chant clair et lyrique sans emphase excessive. Le Domine Deus se révèle ainsi comme l'apothéose de la soirée, le chef d'orchestre mêlant la gravité et la délicatesse avec subtilité pour faire ressortir les accords du hautbois et de la voix. véhicule une intériorité touchante, vibrante car naturelle à souhait, afin d'exprimer tout le mystère divin des notes de Poulenc. Le chœur pourtant d'un effectif conquérant (73 choristes) manque d'ampleur pour défendre ardemment cette œuvre pimpante tout autant que jubilatoire, soutenu malgré tout par un orchestre cette fois-ci irréprochable, et une soliste rayonnante de bout en bout.

Crédits photographiques : © Yann Cabello

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