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Uchida inégale dans Schubert à la Philharmonie

En récital sur les terres familières de Schubert, a témoigné d'une vision toujours aussi passionnée et sensible de l'œuvre du maître viennois, avec un bonheur inégal.

La charmante Sonate en la mineur D537 est interprétée sans relief particulier. La pianiste japonaise peine à trouver l'équilibre nécessaire pour faire ressortir tous les contrastes qui innervent les trois mouvements. Si l'Andantino est traité avec toute la délicatesse voulue, les traits plus affirmatifs des deux autres mouvements ne se détachent souvent pas suffisamment.

Dans la sonate « Reliquie » (D840), ce monument inachevé en deux mouvements, nous offre quelques moments rares. Son jeu se fait plus ample, plus subtil et délicat, sans céder au maniérisme. Jouant chaque reprise, Uchida donne à entendre dans le premier mouvement les « divines longueurs » qu'admirait Schumann. Et pourtant, l'éternel retour du thème n'est jamais une simple répétition mais possède bien, sous ses doigts, une saveur d'infini. L'Andante laisse la place au chant pur. Dans ces pages saisissantes, Uchida parvient avec un jeu dépouillé à un sommet de lyrisme totalement intériorisé, absolument bouleversant.

L'ultime sonate D960 en si bémol majeur, où Schubert parvient à se réconcilier avec la vie au seuil de sa disparition, est abordée avec sérénité. Toutefois, ne convainc qu'à moitié, avec un premier mouvement (Molto moderato) réussi jusqu'à l'intervention du second thème – cette modulation en mineur parfois qualifiée de « plus beau thème du monde ». Quelques maladresses vont un peu gâcher le plaisir de l'intense montée chromatique. La complainte en ré mineur qui s'ensuit avant le retour du thème principal s'en sort heureusement indemne, pour notre régal. Si l'Andante est bien poignant mais sans surprise, les deux derniers mouvements de cette sonate inouïe sont un enchantement. Uchida excelle à restituer, sans aucune lourdeur, l'humour doux-amer de ces pages bondissantes. Le Trio du Scherzo, chaloupé à souhait, est parfait, de même que l'Allegro final, porté par une énergie qui fait oublier les quelques scories abandonnées dans la bataille.

On préférera retenir, en définitive, le bel hommage rendu à l'un de ses compositeurs de cœur par une immense pianiste.

Crédit photographique : © Justin Pumfrey/Decca

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