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La renaissance du Seicento polonais avec Marcin Mielczewski

Le baroque polonais est décidément riche en belles surprises. Après la mise à l'honneur de la musique sacrée à Wroclaw au XVIIe siècle grâce à l'enregistrement de Stephan Macleod, nous voici à Varsovie dans la première moitié de ce siècle. Et c'est et son qui nous entraînent à la découverte du compositeur .

Sous la dynastie des Vasa, la vie musicale est intense à la cour de Pologne et dans tout le pays. On y relève une forte présence des musiciens italiens, dont le style influence les compositeurs autochtones et porte haut l'art de la polychoralité. Il a fallu attendre la fin du XXe siècle pour redécouvrir le répertoire polonais de cette époque. L'oeuvre de Mielczewski, qui jouissait d'une grande renommée à travers tout le XVIIe siècle, circulait sous forme de copies dans l'ensemble de l'Europe de l'Est et jusqu'en Allemagne. Mais à la suite des deux guerres mondiales, ces copies se sont retrouvées à Moscou puis à Berlin Est, et ce n'est qu'après la chute du Mur que l'on a redécouvert cet immense patrimoine artistique. On sait peu de choses du début de la vie de Mielczewski, ni sa date de naissance, ni le nom de ses premiers maîtres. On sait toutefois qu'il fut le disciple de Franciscus Lilius dans les années 1620 et qu'il gravita dans l'entourage de la cour de Sigismond III puis de Ladislas IV, avant de devenir maître de chapelle du prince-évêque Charles-Ferdinand.

La Missa Triumphalis, dont il ne reste que le Kyrie et le Gloria, était l'oeuvre la plus connue de Mielczewski à l'époque. Elle était écrite pour seize voix réparties en trois chœurs. La version qui nous est parvenue par les copies présente deux chœurs à quatre voix, auxquels ont été ajoutées des parties instrumentales plus tardivement dans le XVIIe siècle. Les psaumes et motets présents dans cet enregistrement font appel à un ensemble vocal de six voix solistes, plus six instruments et le continuo. On trouve aussi deux canzone instrumentales à deux et trois voix, dont la voix de second violon, manquante, a dû être reconstituée. Il est frappant de découvrir dans ces pièces instrumentales de les échos d'une inspiration plus populaire que dans sa musique vocale sacrée. Dans la canzone à 3 qui clôture le programme, la sacqueboute qui joue la partie de basse a une ligne mélodique presque aussi virtuose que celles confiées aux violons, ce qui accrédite l'hypothèse que Mielczewski aurait été employé comme sacqueboutier à la cour de Sigismond III.

Le , qui a déjà consacré un premier volume à Mielczewski dans la même collection, témoigne d'une parfaite maîtrise stylistique dans ce répertoire sous la direction précise d'Andrzej Kosendiack. Les voix, bien équilibrées, font preuve d'une souplesse et d'une diction irréprochables. Quant à l'auditorium du Forum National de la Musique à la belle acoustique, on a déjà remarqué dans d'autres enregistrements qu'il offrait un remarquable écrin à ce répertoire somptueux qui retrouve enfin la place qu'il méritait.

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