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Mariss Jansons à son meilleur avec le Philharmonique de Berlin

Après un automne marqué par les annulations, Jansons retrouve la scène avec Strauss, Liszt et Wagner.

Au centre du concert, la contribution lisztienne d' avec le Concerto pour piano n° 1 est le moment le moins convaincant de la soirée : la technique n'est pas vraiment en cause, mais un tel manque de nuances et d'émotion déséquilibre le concerto quoi que puissent proposer Jansons et les solistes de l'orchestre. Le dialogue concertant n'a simplement pas lieu, et ce n'est certainement pas une valse de Chopin à la fois expédiée et maniérée en bis qui vient racheter tant de platitudes.

C'est d'autant plus regrettable que le concert permet de retrouver au sommet de son art après un automne marqué par les annulations. Comme toujours face à un tel chef, les Berlinois donnent le meilleur d'eux-mêmes : c'est vrai de leurs admirables solistes (Wenzel Fuchs à la clarinette, Emmanuel Pahud à la flûte), mais c'est tout aussi vrai de cordes au sommet de leurs capacités expressives – ces violoncelles profonds et lyriques ont une âme collective, fondée sur un travail unique du son, mais qui va bien au-delà.

Jansons dirige Zarathustra d'un geste ample, dans des tempi très retenus (36 minutes) qui n'ont aucune peine à convaincre tant ils sont animés par une chaleur, un élan, une force vitale – et en termes purement musicaux par un travail admirable sur les couleurs, des couleurs chaudes et vibrantes. Le héros nietzschéen, ici, est d'abord un homme, pas une abstraction héroïque : c'est sans doute une sorte de credo artistique pour Jansons, mais c'est aussi certainement le sens vrai du poème symphonique de Strauss. Les épisodes qui le composent sont individualisés avec soin et souci des contrastes, mais l'ensemble est porté par un même élan que seule la force du lien entre chef et orchestre peut permettre de créer.

C'est enfin l'ouverture de Rienzi de Wagner qui clôt le concert : pièce de bravoure pour orchestre, elle est ici proprement opéra, tant tout y chante et tant tout y est en même temps théâtre ; certes, Jansons ne lésine pas sur son triomphant finale, mais là encore le flux et le chant sont primordiaux. Jansons et les Berliner Philharmoniker sont de vieilles connaissances, mais la flamme est toujours là.

Crédit photographique : © Monika Rittershaus.

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