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Riccardo Chailly et Maxim Vengerov avec la Filarmonica della Scala à Paris

Pour ce concert unique à Paris, , à la tête de la , et le violoniste réalisent des interprétations remarquables du Concerto pour violon n° 1 de Chostakovitch et du Concerto pour orchestre de .

C'est dans la profondeur des cordes graves et du basson, dans une ambiance d'attente inquiète que débute le Nocturne du Concerto pour violon n° 1 de , tandis que s'élève la cantilène plaintive du violon de dont le magnifique legato surfe sur des vagues orchestrales toutes nimbées d'une clarté crépusculaire d'où émergent les timbres de la harpe et du célesta. Le maléfique Scherzo est mené de main de maître par le violoniste qui nous entraîne dans sa danse effrénée, grotesque et bancale, dont la ligne hachée, impeccablement mise en place, est soutenue par la complicité attentive de et un admirable pupitre de contrebasses. La Passacaille pousse ensuite l'émotion à son comble par la solennité et la justesse des cuivres préludant au dialogue pathétique entre le violon et les différents pupitres de l'orchestre (basson et cor) avant que la musique ne s'éteigne dans une lente agonie conduisant à la grande cadence, superbe d'intensité émotionnelle et de virtuosité violonistique. La Burlesque conclut sur un climat de fête endiablée où soliste et orchestre (petite harmonie, contrebasses, percussions et cors) rivalisent de virtuosité, sans sacrifier à la continuité de la ligne, ni aux détails de l'orchestration. Une interprétation qui force l'admiration, suivie en « bis » par la Sarabande en ré mineur de J. S Bach.

En deuxième partie, le Concerto pour orchestre de laisse la parole à la phalange milanaise dirigée par un impressionnant de précision et d'engagement. Dans cet exercice d'orchestre et de direction, le chef milanais se montre à son meilleur, rassemblant ce qui est épars dans un constant souci de cohésion et de construction. Il sculpte la pâte sonore en délicates facettes mettant au jour tous les timbres et toutes les interventions solistiques individuelles, veille aux équilibres, sait profiter avec une rare intelligence de l'acoustique de la grande salle Pierre Boulez pour faire rugir des crescendos toujours parfaitement amenés, magnifie contrastes et nuances, sans jamais perdre la cohérence du discours, bref du grand art… Dans le  bruissement des violons et des cordes graves d'un climat mystérieux et crépusculaire, débute l'Introduction qui capte immédiatement l'attention de l'auditeur, suivie du célèbre Jeux de couples (bassons, hautbois, clarinettes, flûtes, trompettes et trombones) annoncé par la caisse claire et conclut par la harpe, avant l'Elegia où la musique semble se dissoudre dans la nuit, pour reprendre de plus belle dans l'Intermezzo interroto aux accents orientalisants qui fait la part belle à une excellente petite harmonie dont se détache une clarinette sarcastique qui reprend, comme un clin d'œil, le thème de la Symphonie Leningrad de Chostakovitch. Le Final et sa coda apocalyptique achèvent de mette la dernière pièce à ce véritable puzzle musical aux accents folkloriques magyars répétés.

En « bis » la phalange milanaise et son chef quittent les terres hongroises pour retrouver leur jardin italien avec une jubilatoire Ouverture de Semiramide de Rossini.

Hier au Concertgebouw d'Amsterdam, ou au Gewandhaus de Leipzig, aujourd'hui à la tête de la de Milan, les orchestres se suivent, mais l'immense talent de Riccardo Chailly perdure confirmant encore ce soir, et avec quel éclat, sa place parmi les plus grands chefs en exercice. Bravo Maestro !

Crédit photographique : Riccardo Chailly © Sylvia Lelli

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