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Coup double pour Evgeny Sviridov avec Tartini

Le jeune violoniste impressionne pour son premier disque, entièrement consacré à Tartini.

On connaît généralement peu de choses de , qu'on associe de manière un peu vague à une musique virtuose pour violon dont ressort une sonate dite « des trilles du Diable ». Le premier mérite de cet enregistrement est donc de nous plonger dans une œuvre il est vrai consacrée avant tout au violon et à ses techniques de jeu variées, mais qui ne donne nullement l'impression, comme celle de Paganini peut la donner, de servir principalement à un étalage de virtuosité. La musique de Tartini sait être plaisante, ou même rêveuse, comme dans ces extraordinaires Piccole sonate accompagnées d'un violoncelle seul, dont certaines comportent une aria inspirée par des vers du Tasse, où le violon chante et divague seul. C'est une musique qui adopte les diverses formes en vigueur à son époque, telles que pièces à caractère dramatique (sonate dite Didone abbandonata), thème et variations, fugue, mouvements de danse… C'est enfin une musique variée dans ses expressions, et qui, malgré le caractère volontiers virtuose qui l'habite, est moins exubérante que celle d'un Vivaldi.

rend parfaitement justice à tous ces caractères. Son jeu extrêmement précis, déjà entendu récemment en concert, se révèle ici en outre plein de variété et habité d'un souci constant d'expressivité qui rend l'écoute fort agréable. Le jeune violoniste possède déjà une science consommée des coups d'archet qui conviennent à la musique de cette époque. Et, ce qui est non négligeable, ne tombe pas dans le piège qui consiste à forcer les tempos dans les pièces les plus virtuoses. Si l'on peut légitimement se laisser éblouir par les pièces les plus pyrotechniques, comme le deuxième Allegro de la Sonate XV « del Tasso », ou par les affects déployés dans la fameuse sonate X de l'Opus 1, dite « Didone Abbandonata », on n'oubliera pas d'aller prêter une oreille à la charmante Pastorale en trois mouvements, aux accents rustiques et résolument entraînants, ou à la manière dont sont déployées les variations qui closent la Sonate XII, avec le clavecin de qui n'est pas en reste.

Enfin, ajoutée à une prise de son plus que convenable, la bonne idée d'ajouter un violoncelle () à la basse continue contribue à la réussite de l'entreprise. Voilà donc un disque qui met en lumière à la fois un compositeur pas assez connu et un violoniste qui peut légitimement aspirer à le devenir.

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