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L’ouverture du Printemps des Arts de Monaco rend hommage à Beethoven

Pour ouvrir le Printemps des Arts de Monaco, son toujours dynamique directeur avait prévu trois généreux concerts centrés autour de concertos et quatuors de Beethoven, qui plaçaient d'emblée la barre très haut.

En ouverture d'un Printemps des Arts dont c'est la trente-cinquième année, le premier week-end fait la part belle à Beethoven, avec trois copieux concerts programmant les cinq concertos pour piano et trois quatuors, avant que les week-ends suivants n'explorent notamment les concertos de Brahms et Bartók. Les deux premières soirées n'hésitent pas à programmer les cinq concertos pour piano joués et dirigés du piano par ce beethovénien d'exception qu'est . Face à lui, l'orchestre lui donne la réplique. Certes, l'exploit physique n'est pas mince, puisque le premier des deux concerts fait entendre les concertos n ° 2, 3 et 4 à la suite. Performance physique du pianiste d'autant plus impressionnante que diriger du piano est, comme le rappelait dans une conférence introductive, un exercice complexe et risqué. En témoignent les passages de la station debout à l'assise durant les concertos. On peut discuter sans fin de la pertinence de ce choix, comparé à celui de l'accompagnement par un grand chef. Mais la cohérence de la pensée dans ce cadre impressionne fortement, tandis que la réactivité de l'orchestre polonais et son évidente complicité avec le chef-soliste frappent les auditeurs.

C'est évidemment dans l' « Empereur » du lendemain soir que les limites de l'exercice apparaissent le plus évidentes, tant le cadre formel de l'œuvre échappe au moule des trois premiers concertos et le dialogue se révèle plus fortement héroïque et contrasté que dans le quatrième (y compris dans son mouvement lent). Mais quelle belle prestation et quel piano magnifique ! On salue aussi le choix de cadences originales (dont celle de Brahms) et on attend avec impatience le résultat discographique de ces exécutions de haut vol. En ouverture de chacun des concerts, , directeur du festival a positionné deux brèves pièces de , dont la forme relève plus du « happening » musical que de la musique à proprement parler. C'est d'ailleurs l'effigie de Kagel, grimé en vert comme sur la couverture de son disque DG « Exotica », qui orne les programmes.

Le dimanche après-midi, dans la somptueuse salle Empire de l'hôtel de Paris, le quatuor américain Parker délivre une superbe interprétation de trois quatuors de Beethoven, avec en prime pleine d'humour et de tendresse la suite de « Capriccio » de , savant exercice de style qui explore l'univers expressif du quatuor à cordes. Très belle clôture de ce week-end particulièrement réussi qui laisse augurer une nouvelle édition de grande qualité de ce festival à la programmation inventive.

Crédits photographiques : © Alain Hanel ; © Kopie

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