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Orphée et Eurydice donné à Metz dans la version Berlioz

Belle mise en scène chorégraphiée pour le chef d'œuvre de Gluck, en dépit d'une interprétation musicale quelque peu en retrait.

Qu'il s'agisse des mises en musique de Gluck ou de Monteverdi, la légende d'Orphée se prête à la mise en scène chorégraphiée. Autant le statisme des deux partitions que la nature mythologique du sujet appellent une stylisation visuelle et une dynamisation corporelle que la danse semble pouvoir apporter de façon quasi idéale. C'est donc tout le projet de la jeune danseuse espagnole que de proposer une mise en espace donnant une place égale au chœur et au ballet. Les trois solistes se voient ainsi tous doublés d'un danseur qui interprète leur gestuelle, soit en la dupliquant soit, le plus souvent, en en explicitant le sens profond par des attitudes contrastées voire contradictoires. La fluidité des corps, l'élégance des enchaînements et la majesté des postures créent des images de toute beauté, que relève encore la simplicité pour les décors et les costumes de subtils camaïeux de gris, de mauve et de beige clair. Dans un tel contexte l'économie des moyens, que manifeste un plateau quasiment dénudé et limité à de simples praticables semblant relier la terre et les enfers, permet véritablement d'aller à l'essentiel que constitue l'éternelle problématique posée par cette œuvre unique entre toutes, le rapport de l'homme à son dieu, les liens qui unissent l'humain et le divin. Un grand bravo aux trois solistes et au ballet de l'Opéra-Théâtre de Metz Métropole, qui nous ont valu ces véritables moments de grâce.

La partie musicale n'était peut-être pas tout à fait à la hauteur des exigences de la partition. L'effectif relativement réduit de l'Orchestre du Luxembourg s'est en effet plutôt mal accommodé de l'acoustique ingrate de l'Opéra-Théâtre de Metz-Métropole, qui a rarement paru aussi sèche. De même, pour une partition aussi riche sur le plan de l'écriture chorale, on aurait sans doute apprécié un certain renfort vocal pour rendre justice à la partition de Gluck. Les trois solistes, dotés de timbres frais et purs, manquaient eux aussi du léger surplus de puissance qui aurait permis de rendre plus crédible leur interprétation. On aura cependant apprécié le soprano fruité de en Amour, ainsi que l'instrument classieux de , fraîche et émouvante Eurydice. En Orphée, la mezzo soprano est touchante dans la plainte, mais manque singulièrement de mordant dans l'invective et de brillant dans la virtuosité. Le public a en tout cas fait une belle ovation à un travail d'équipe globalement réussi qui a permis d'apprécier à sa juste valeur l'un des plus beaux chefs d'œuvre du répertoire lyrique.

Crédit photographique : © Luc Bertau – Opéra-Théâtre de Metz Métropole

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