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Augustin Dumay and Friends referment le salon Brahms à la Philharmonie

Pour clore cette série de trois concerts consacrée à la musique de chambre de , intitulée « Salon Brahms », le violoniste propose un programme s'appuyant sur des œuvres de la maturité, dans un portrait en clair-obscur du compositeur, entre passion et nostalgie.

Le Trio pour alto, violoncelle et piano ouvre de manière assez fade cette soirée dans le cadre intime de l'Amphithéâtre de la Philharmonie. Non pas du fait d'une quelconque défaillance des intervenants ( Silva, Jian Wang et ) mais simplement par le choix de donner, ce soir, la version avec alto de ce célèbre trio, initialement composé pour la clarinette, en 1891, après que Brahms a fait la connaissance du clarinettiste virtuose Richard von Mühlfeld à Meiningen. Si le registre des deux instruments est assez comparable, la présence de la clarinette apporte, à l'évidence, une richesse de timbres qui fait cruellement défaut dans cette version limitée aux cordes. Son remplacement par l'alto donne au trio un nouvel éclairage, plus fondu, plus homogène, plus mélancolique qui met parfaitement en avant les différentes imitations de la partition, mais suscite, finalement, assez peu d'émotion.

Un climat bien différent habite la Sonate pour violon et piano n° 3 (1886-1888). y déploie un jeu passionné, virtuose et contrasté, riche en nuances et en couleurs dans l'atmosphère automnale du premier mouvement, avant la grave mélodie élégiaque et tendue de l'Adagio central, aux accents schumanniens. Point culminant de la partition, le troisième mouvement est un intermezzo fantasque soutenu par une dynamique pleine de relief et par une complicité palpable entre violon et piano, précédant le tumultueux Presto final d'une ampleur quasi symphonique.

Après la pause, le Quintette pour piano et cordes achève de convaincre totalement un public déjà conquis. On connait la genèse compliquée de cette œuvre (1861-1864) dont l'instrumentarium fut plusieurs fois modifié pour en faire en définitive « un chef d'œuvre de la musique de chambre » qui valut à Brahms d'acquérir en guise de remerciements de la part d'Anne de Hesse, dédicataire de l'œuvre, la partition autographe de la Symphonie n° 40 de Mozart ! , Silva, Jian Wang, , auxquels vient s'ajouter pour l'occasion au deuxième violon, en livrent, ici, une lecture magistrale et irréprochable. Le premier mouvement séduit d'emblée par l'équilibre entre les cordes et le piano, par son ampleur sonore, par sa mise en place au cordeau, par la clarté des lignes et la tension du discours. Le deuxième offre un moment de grâce, envoûtant et poétique, limpide, tendu et sans pathos. Le troisième mouvement impressionne par sa dynamique inexorable, haletante et passionnée où l'osmose et l'écoute entre musiciens apparaissent comme des évidences. Le quatrième mouvement débute dans une ambiance crépusculaire typiquement brahmsienne faite de ce subtil mélange de mélancolie et de passion, cédant rapidement la place à une marche aux allures quasi folkloriques, avant une coda apocalyptique d'une rare éloquence.

Crédits photographiques : Augustin Dumay © Michel Cooreman

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