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Spectacle de l’École de danse de l’Opéra : impair et passe

Le spectacle de l’École de Danse est, à chaque saison de l’Opéra National de Paris, l’occasion de voir les futurs danseurs de la Compagnie faire leurs premiers pas. Et malheureusement avec un apprentissage de la scène parfois assez difficile.

En effet, le programme très équilibré du spectacle de cette année, entre un baroque réactualisé et un académisme romantique, aurait pu être l’occasion de faire éclore quelques personnalités ou bien des artistes époustouflants (comme par exemple cela avait été évident avec François Alu, éblouissant dans Piège de Lumière).

La première impression de la soirée est donnée par D’ores et déjà, créée en 2013, où seuls les danseurs garçons participent, du plus jeune aux premières divisions. Il s’agit pour certains d’entre eux de leurs premières incursions dans le langage baroque mais également dans une approche contemporaine du mouvement. Ce qui est appréciable est la grande fraîcheur de certains des danseurs pour qui la danse vient spontanément d’une part et la grande qualité des mouvements de groupe (parfois fort important dans le nombre des danseurs et des déplacements), preuves d’un travail important de répétitions et d’une belle rigueur dans la considération que danser n’est pas un acte solitaire mais implique d’autres partenaires avec lesquels il faut être harmonieux.

La pièce Conservatoire de Bournonville (qui n’est en réalité qu’un divertissement du ballet original) commence à mettre à mal les élèves ; on repère quels sont les aspects privilégiés par le goût de l’école française, que ce soit au niveau du physique, des lignes du corps et de l’intérêt porté au travail du bas du corps. Mais parfois cela se fait en force et sans un style très approprié, comme si chacun des pas semblait désarticulé et qu’il était difficile d’en extraire des phrases intelligibles.

Malheureusement, le clou du spectacle aurait dû être la délicieuse pièce Les Deux Pigeons, entrée au répertoire de l’École en 1978, donnée en deuxième partie de soirée. Cette petite pièce, figurant également au répertoire de l’Opéra, ardemment défendue par l’École, est composée de nombreuses parties solistes mais ne néglige pas non plus le corps de ballet ; ceci permet aux plus aguerris de prendre la place d’un premier rôle et aux plus jeunes de faire quelques pirouettes sans l’enjeu de devoir intéresser toute une soirée. Par ailleurs, riches de rôles de caractère, ce ballet offre de savoureux prétextes à des danses de caractère mélangées aux variations classiques avec pointes entre quelques parties de pantomime : tout ce dont raffole l’amateur de danse et qui est au cœur de l’apprentissage des jeunes danseurs. Toutefois, sur cette première représentation, les efforts de travail n’ont pas été récompensés justement pour ces artistes. Il y a de nombreuses chutes, nombre de pieds qui se prennent dans le tapis, des difficultés techniques escamotées, et finalement le plaisir n’y est plus vraiment, tant le trac semble perceptible.

On saura gager que les représentations qui suivront verront l’enjeu moins important que celui de la Première remporté par un apaisement plus conséquent de cette expérience de scène qui reste néanmoins une déclaration d’amour que renouvelle, chaque année, l’École de danse de l’Opéra à l’école de la danse du style français.

Crédit photographique: Les Deux Pigeons © Svetlana Loboff / Opéra National de Paris

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