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Le Luigi Boccherini délectable d’Ophélie Gaillard et Sandrine Piau

Dans un programme plutôt « improbable », l'occasion est donnée à l'auditeur de se délecter d'un compositeur prolixe et éclectique, dont les multiples talents sautent à l'oreille d'une plage à l'autre de ce remarquable double album.

L'idée de réunir sur un double album deux concertos, une symphonie, un quintette à cordes, une sonate pour instrument et piano et une pièce vocale sacrée était pour le moins insolite. Dénominateurs communs de cette audacieuse entreprise, la présence du compositeur et celle d' à la direction et au violoncelle. Le programme reprend donc dans sa conception celui du CD déjà paru chez Ambroisie/Naïve il y a une dizaine d'années, programme au cours duquel prêtait déjà main forte à l' Orchestra et à afin de célébrer les nuits madrilènes du temps de Boccherini. La formule, on le voit, est à peu près la même.

La modernité de Boccherini ressort à chaque page, sans doute renforcée par des choix interprétatifs peut-être contestables mais crânement assumés par dans la longue et passionnante interview du texte de présentation : choix d'un pianoforte pour la partie de basse de la Sonate pour violoncelle n° 2, quintette à cordes avec violoncelle et contrebasse pour l'accompagnement du Stabat Mater. Certaines cadences du Concerto pour violoncelle n° 6 trouvent des accents postmodernes qui contribuent à enrichir encore le discours d'un compositeur résolument classique qui, tout en revendiquant l'héritage de l'esthétique baroque, lorgne déjà vers le préromantisme. La présence du pianoforte confère d'ailleurs à certains passages une atmosphère quasiment schubertienne.

Ophélie Gaillard traduit idéalement les contradictions inhérentes à un compositeur à la croisée des chemins, dont on se demande comment il aurait évolué s'il avait vécu dix années de plus. Dans le Stabat Mater, on retrouve littéralement en état de grâce, et l'on ne sait s'il faut davantage louer la fraîcheur juvénile de son timbre, la beauté et l'élégance de ses phrasés ou la noblesse tragique de ses accents. À quand le troisième volume ? La richesse du catalogue des ouvrages de Boccherini devrait nous réserver de belles surprises dans les années à venir.

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