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Radio Antiqua, l’Italie à la cour de Wurtzbourg

nous entraine à l'époque où les musiciens italiens du début du XVIIIe siècle, très appréciés en Europe, quittaient leur Italie natale pour faire carrière dans les cours impériales. Ainsi, le compositeur et hautboïste arrive à Wurtzbourg en 1724 pour ne jamais plus en partir.

Une très bonne idée que ce disque du jeune ensemble qui, à l'instar du premier, met en perspective l'apport des « sources étrangères » à l'enrichissement culturel d'un pays. Monnaie courante aux XVIIe et XVIIIe siècles où les musiciens travaillaient généralement sous la protection d'un monarque, souvent dédicataires des œuvres composées sur place. Ainsi, Torelli part à Ansbach, Geminiani à Londres et Dublin, Veracini à Düsseldorf et Dresde, Locatelli à Amsterdam. Les œuvres de cet enregistrement appartiennent à la collection des comtes de Schönborn-Wiesentheid contenant 60 œuvres de Platti. Des sonates de facture habituelle, lent-vite-lent-vite, composées pour divers instruments, violon et violoncelle ou hautbois et basson, avec une basse continue au clavecin, théorbe et violone.

Platti, virtuose du hautbois, se révèle particulièrement inspiré dès qu'il écrit pour les instruments à anche double. Les dynamiques propres à ces instruments atteignent une émotion dans les lignes chantées que le violon ne rejoint peut-être pas assez souvent dans l'expression. La Sonate pour hautbois, basson, et basse continue WD 695 est un petit bijou où, dans le plus parfait style italien, les deux instruments échangent dans une vocalité toute mélancolique. Tout est rigoureusement en place, bien fait. Mais on pourrait se surprendre à attendre quelques élans plus démonstratifs, disons davantage d'exaltation dans les mouvements lents. Peut-être un vibrato plus mobile pour le violon, plus de profondeur dans la corde. Il en reste que dans les mouvements rapides, violon et violoncelle donnent toute la virtuosité nécessaire aux œuvres de Platti.

À défaut d'exubérance émotionnelle, a choisi la pudeur pour honorer l'Italie à la cour de Wurtzbourg. C'est un choix très respectable, d'autant que la musique restitue toute cette luminosité qui devait tant plaire aux gens du nord.

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