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La Visio d’Édith Canat de Chizy

occupe une place à part dans le monde de la musique contemporaine. Son dernier album, Visio, complète une discographie et un catalogue particulièrement riches.

En marge de toutes esthétiques dominantes, l'écriture d' s'impose par la singularité d'un langage dont l'énergie et le mouvement sont les principales revendications. Principalement tournée vers les instruments à cordes pour créer « une matière sonore impalpable qui soit toujours en mouvement » – à laquelle les cordes apportent leur « caractère fugitif et vibratile – c'est pourtant sur une œuvre fondée sur les voix que ce nouveau disque se construit.

Visio, créée et enregistrée en 2016 dans le cadre du Festival Présences de Radio France, est composée sur un texte d'Hildegarde von Bingen tiré de son livre des Visions. Elle marque une étape importante pour la compositrice par le travail avec l'électronique et ses recherches réalisées sur le traitement des voix. La conception du mouvement circulaire des planètes d'Hildegarde se retranscrit durant 22 minutes par le biais des six voix mixtes de l', de l'écriture orchestrale menée par à la tête des sept instrumentistes de l', et de l'informatique musicale de . Les six séquences portées par cette « énergie divine » (la « viridité » d'Hildegarde von Bingen) se révèlent quelque peu émoussées par une écriture pouvant facilement se déduire, donnant l'impression que l'oeuvre elle-même, à l'instar des planètes, tourne quelque peu en rond.

Les trois autres pièces, où l'on retrouve l'appétence particulière de la compositrice pour les cordes, sont des ouvrages récents : de la musique de chambre avec le quatuor à cordes En noir et or (2017, 9 minutes) et Lament (2015, 7 minutes) pour alto solo, ainsi qu'un concerto pour violon et orchestre, Missing (2017, 15 minutes), écrit à la mémoire de . Chacunes, à leur manière, font résonner la démarche initiale d' dans Visio : le monde de l'ailleurs comme avec la mise en musique de l'« after life » du violoniste décédé ; l'univers sonore toujours en mouvement via l'électronique que l'on retrouve également dans Noir et or.

La présence dans cette programmation de La ligne d'ombre enregistrée et diffusée en 2011 par Ӕon (Clef ResMusica) se justifie quant à elle par la remarquable interprétation donnée par l' sous la direction de . On retrouve ici encore ce qui inspire à l'origine la création d'Édith Canat de Chizy : une nouvelle de Joseph Conrad où l'attente chaotique donne à la compositrice tout loisir pour diversifier timbres, rythmes et le mouvement. Toujours.

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