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Un Messie de Haendel venu de Tchéquie avec Václav Luks

Le label Accent propose une version live du Messie de Haendel par à la tête du chœur et de l'orchestre

Vàklav Luks a choisi sans surprise particulière la version définitive du Messie datant de 1704. On retrouvera ainsi l'ordre normal avec les derniers développements de Haendel. Dès les premières mesures de l'ouverture, l'auditeur est convaincu que cette version n'est pas une captation de plus, mais bien une vision aboutie historiquement et musicalement.

L'orchestre est aéré, les tempi rapides, le geste enlevé et précis, les chœurs motivés et parfois surchauffés, de quoi enthousiasmer l'auditoire d'un bout à l'autre de l'oratorio. Il ne faudra pas chercher dans cette vie de Jésus en musique une approche sacrée, Vàklav Luks entraine ses musiciens vers des terres plus profanes, un peu éloignées de l'Église. Le présent concert dans une salle y contribue et malgré un texte qui évoque parfois douloureusement la vie du Christ, l'ambiance générale et joyeuse est souvent proche de l'opéra. Ce qui surprend aussi par rapport à d'autres versions venue du nord ou d'ailleurs, c'est la prononciation de l'anglais, qui malgré un « language coach », trahit les origines tchèques des solistes et du chœur. Pour autant, les qualités expressives des voix restent intactes et la rhétorique éblouissante. La couleur même du chœur reste très lumineuse.

Certains passages sont particulièrement réussis dont le fameux « tryptique » qui se situe au début de la deuxième partie. Trois chœurs se succèdent dont le second « And with his stripes » utilise un thème distendu à quatre notes, image de la croix et repris par d'autres… Buxtehude, Bach et Mozart ! En 3:18, l'Alléluia ne tergiverse pas, le tempo presto reste immuable y compris dans la partie centrale trop souvent sacrifiée par une lenteur subite et non justifiée. Ailleurs, quelques répits viennent apaiser l'oreille et l'âme : l'air de basse « The people that walk in darkness » ou l'air d'alto « He was despised ». On entend là d'avantage l'expression de la tendresse que du drame.

Les solistes de l'orchestre contribuent à l'excellence de la prestation, les vents notamment ainsi qu'un continuo des plus fouillés. Cette interprétation respire la jeunesse, les photos des protagonistes le confirment, on comprend bien cette énergie débordante et maitrisée au plus haut point. Aux côtés de nombreuses et grandes versions de cette œuvre qui restera à jamais le chef-d'œuvre absolu de Haendel, le offre à son public et aux mélomanes une approche de concert des plus intéressantes et des plus abouties, portée par une excellente prise de son.

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