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Degas à l’Opéra au Musée d’Orsay, regards de l’intérieur

Le Musée d'Orsay met à l'honneur dans les liens que celui-ci entretînt avec l'Opéra de Paris, une occasion renouvelée de fêter les 350 ans de l'Opéra de Paris créé sous Louis XIV.

Au-delà de ce que Degas aura pu célébrer autour de la figure de la danseuse, c'est certainement l'Opéra en tant que bâtiment qui est au centre de cette exposition ; entre la Salle Le Peletier (disparue en 1873 dans un incendie) et le Palais Garnier (inauguré en 1875), le peintre s'attache à susciter la curiosité non pas tant sur ce qu'il se passe sur scène que ce qu'il y a tout autour : les coulisses, le foyer de la danse, l'orchestre et les loges. Le goût pour le spectacle, surtout le Grand Opéra et la musique française, s'efface devant le lieu et les personnes qui y vivent, pour dévoiler tout l'artifice qui se trouve derrière l'illusion de la scène.

Ces lieux qu'il fréquente sont de façon émouvante évoqués par les traces du personnel administratif qui recense tous les passages des personnes privilégiées pouvant circuler du côté du plateau scénique, dont fait partie Degas ; ce sont alors des « abonnés des trois jours », sous-entendu qu'ils viennent à l'Opéra trois jours par semaine. Degas représente peu le Palais Garnier pour s'attacher au souvenir de la Salle Le Peletier, et toutes ses œuvres picturales sont alors l'occasion d'expérimenter de nouveaux angles de vue (en contre-plongée, avec des éclairages audacieux, dissimulé parmi les musiciens, ou avec une partie du tableau caché par les hauts-de-forme des abonnés), de nouvelles techniques (il privilégie la représentation picturale, mais essaie également le jeune médium photographique ou encore le monotype), de nouveaux matériaux (le pastel est à l'honneur, mais l'on retrouve la célèbre sculpture Petite danseuse de quatorze ans) et l'on y admire les petits carnets personnels conservés à la Bibliothèque Nationale de France qui reçoivent tous les croquis d'étude de Degas exploitant ses recherches. Les supports utilisés sont alors très nombreux : comment ne pas s'extasier devant les ravissants éventails éclatants de couleurs ou les formats atypiques (tout en longueur ou bien de grands formats) ?

L'exposition est généreuse en documents présentés, et s'articule en dix sections évoluant de façon chronologique laissant apparaître l'affranchissement progressif de la vraisemblance picturale et permet de retracer sa recherche autour du mouvement (il partagera cela avec Rodin, par ailleurs) ; ceci explique son intérêt pour la danseuse mais également sa volonté de mettre en lumière les artifices qui composent intrinsèquement l'art de la scène, ce qui n'est pas sans susciter également une réflexion sur l'art graphique que mène Degas dans ce bâtiment qui fut le sujet de prédilection pour lequel le grand public le connaît aujourd'hui.

Crédits photographiques : Étude de danseuse le bras tendu, 1895-96 © Bibliothèque nationale de France

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