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Trois ballets pour Cunningham

Rencontre exceptionnelle entre trois compagnies de ballet qui ont ouvert leur répertoire en hommage à , qui aurait eu cent ans cette année.

a écrit très peu de pièces pour des maisons d'opéra et de ballet. Le Théâtre national de Chaillot et son directeur, Didier Deschamps, proposent ici à l'occasion du Centenaire un angle inédit pour redécouvrir son répertoire, avec des danseurs d'exception issus de trois compagnies de ballets européennes : Opera Ballet Vlaanderen, et .

Les oiseaux ont toujours été une source d'inspiration pour Merce Cunningham. Dans Pond Way, il met en scène un peuple d'échassiers s'envolant, sautant, nageant ou lustrant leurs plumes, au bord d'un étang. Le chorégraphe remonte en quelque sorte le Lac des Cygnes avec ses costumes blancs et bouffants, ses unissons et ses pas de trois. Les danseurs de l'Opera Ballet Vlaanderen, pour lequel Merce Cunningham avait créé la pièce en 1998, la reprennent avec brio et sophistication. Le tout devant une scénographie de Roy Lichtenstein, dont on reconnaît aisément la touche pointilliste sur ce « Landscape with boat ».

Le a, lui, choisi d'envoyer trois magnifiques danseurs, Romany Pajdak, Julia Roscoe et Joseph Sissens, pour un trio virtuose en noir et blanc. Cross Currents est d'une grande complexité rythmique. Sur les Rythm Studios for Player Piano de , la pièce de 1964, créée au Sadler's Wells de Londres est à la fois diabolique à danser et simplissime à regarder. Un splendide bijou qui figure depuis cette date au répertoire du .

Walkaround Time est une pièce beaucoup plus expérimentale, voire conceptuelle, ce qui n'est pas sans dérouter les spectateurs de Chaillot, toutefois moins courroucés que lors de la programmation de la pièce au Palais Garnier en 2017. Éclatant les différentes pièces du Grand Verre et de la célébrissime La mariée mise à nu par ses célibataires, même, ce manifeste dadaïste de Marcel Duchamp, Merce Cunningham y explore avec austérité et fantaisie la déconstruction de l'espace. Tous singuliers, les danseurs du sont transfigurés, avec des personnalités affirmées. Émilie Cozette, aux cheveux ultra-courts, est incisive. D'autres danseurs sont éblouissants de flegme dans des figures parfois très acrobatiques (portés, sauts, réceptions complexes). La spatialisation de la bande-son, composée de bruits divers et de phrases surréalistes, ajoute à l'étrangeté du projet.

Crédits photographiques : © Ann Ray

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