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Le Sollazzo Ensemble, pionnier avec un Chansonnier du XVe siècle

Témoignage de la vivacité musicologique de notre époque, le Chansonnier de Louvain détient encore bien des mystères que le précède amoureusement.

Redécouvrir des musiques datant de plus de cinq siècles est toujours un moment particulier dans la vie d'un musicologue et d'un interprète, tout autant que pour un auditeur. C'est donc une expérience presque mystique que nous offre le Solazzo Ensemble, des musiciens déjà appréciés dans leur précédent enregistrement sous le même label.

Découvert en 2015 par un historien travaillant pour le compte d'un marchand d'œuvres d'art, le Chansonnier de Louvain fut acquis par le Fonds Léon Courtin-Marcelle Bouché et confié en « prêt de longue durée » à la Fondation Alamire, Centre d'Excellence de l'Université de Louvain qui a attribué son nom au petit manuscrit musical que l'on peut voir à plusieurs reprises grâce aux visuels choisis par le label de ce disque. Ce chansonnier, provenant probablement de la région de la Loire aux alentours de 1470-75, regroupe cinquante compositions, soit une œuvre religieuse en latin qu'est l'Ave Regina celorum de Walter Frye, suivie de 49 chansons en langue française sans que soit mentionné leur compositeur. 38 d'entre-elles, retrouvées dans d'autres chansonniers d'époque, ont pu être attribuées à des illustres maîtres franco-flamands tels que (c. 1410-1497), (1397-1474), Michelet (XVe siècle) où Gilles Mureau (c. 1450-1512) qui composent la programmation de cet enregistrement. Mais douze chansons uniques ne figurent dans aucun autre manuscrit connu à ce jour, quatre dans ce disque : Escu d'ennuy, Henri Phlippet, J'ay des semblans, Tous dis vous voit.

Anna Danilevskaia, directrice de l'ensemble Sollazzo, inscrit les six interprètes comme des « pionniers » en faisant revivre cette musique par la parution de ce disque qui ne nous fait découvrir qu'une infime partie de ce trésor musical avec les 14 œuvres vocales et musicales qui le compose. Ceux-ci affirment une approche d'une limpidité exemplaire par une instrumentation réduite à un traverso (Johanna Bartz), une vielle (Sophia Danilevskaia) et un luth (Christophe Sommer), alors que les voix de soprano (Yukie Sato et Perrine Devillers) et de ténor (Vivien Simon) déploient une authenticité sans fioritures, marquant un respect profond pour les ouvrages exécutés, rejaillissant dans notre écoute presque religieuse.

Heureuse nouvelle que l'indication d'un premier volume qui annonce de futurs enregistrements sur ce même manuscrit. On apprécie enfin le texte en vieux français retranscrit dans le livret, l'auteur ne manquant pas de l'associer à la première page de chaque partition manuscrite, révélant s'il fallait encore le démontrer, que le Chansonnier de Louvain est bien une œuvre d'art.

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