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Le Renouveau de la fratrie Varnerin

Osmose entre la soprano et son frère guitariste Mathieu pour défendre avec élégance l'atmosphère intimiste des mélodies françaises de la fin du XIXᵉ siècle.

Les photos d'enfance du livret, tout droit sorties de l'album de famille, ainsi que la jeunesse du duo mis en avant par une jaquette colorée, feraient probablement penser à tout nouvel acquéreur, que cet album se tourne vers une atmosphère joviale et simplement divertissante. Cette proposition se révèle, dès les premières pistes, d'une nature bien plus profonde. De l'enfance, le guitariste l'approche sous les intonations nostalgiques de la Berceuse en la majeur op. 31 de , ou par le biais de l'inspiration d'un prodige, ayant composé certaines des mélodies interprétées ici à 14 ans à peine ; la grâce juvénile de la voix rejaillissant tout autant dans L'Heure exquise de . Sinon, c'est une ambiance intimiste, intérieure, qui sert de fil rouge à cet enregistrement.

Typique de l'art français de la mélodie de la fin du XIXᵉ siècle devant faire sa place entre l'emphase d'un wagnérisme triomphant et la vocalité toute italienne, cette programmation est originale par le choix de certaines partitions comme celle de précédemment citée, mais surtout par l'adaptation qu'en fait le duo Varnerin, le classique piano/voix devenant une transcription pour la guitare par . De ce choix, nous n'irons pas à le comparer à l'original, la guitare et la délicatesse du jeu de son interprète donnant une saveur toute particulière à ces mélodies, renforçant cette approche intimiste tant recherchée, en phase avec l'atmosphère des œuvres sélectionnées menées par une mystérieuse intériorité entre le langage poétique et le langage musical.

Pathétique avec le syllabisme de Gabriel Fauré (Notre amour), mystique et spirituelle avec En prière (Gabriel Fauré) ou Les Angélus (), hypnotique avec Un Rêve de , celui-ci se tournant vers le passé avec un plain-chant renaissant dans Paysages Tristes, Renouveau s'inspirant d'un poème de Charles d'Orléans. De bout en bout, colle au plus près de la prosodie de la langue, forte d'une élégance lyrique évidente, sa déclamation libre fusionnant naturellement avec la guitare, marquant une complémentarité flagrante du verbe et de la musique. Langoureuse dans Chloris (), vaporeuse avec Un Rêve (), la chanteuse maîtrise tout autant l'inspiration populaire du Vaudeville des batelières de Saint-Cloud de , que la légèreté des Fêtes Galantes. De son côté, , avec sa guitare Jasper Sender, sait parfaitement faire chanter son instrument dans cette musique de , jouant tout au long du parcours avec le langage musical pour en donner tout son sens.

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