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Hommage à Olly par l’Ensemble Intercontemporain

Initialement prévu pour être dirigé par , ce concert de l' devient grâce à un superbe hommage au compositeur et chef d'orchestre, mort le 8 juillet 2018.


Décédé prématurément un mois après avoir fêté son soixante-sixième anniversaire, laisse en plus de ses enregistrements une œuvre originale et personnelle, empreinte de l'enfantine bonhommie que l'on connaissait de ce personnage très attachant.

Pour introduire sa dernière pièce achevée, dont les parfums japonais apparaissent dès le titre, l' débute à la Cité de la Musique par une œuvre contemplative de Tōru Takemitsu, créée par Knussen lui-même à Londres en 1982. Rain Coming trouve sous la direction de l'un des principaux assistants du compositeur auquel on rend hommage, l'excellent , un cristallin bien renforcé par les sonorités aquatiques du célesta et la clarté de la flûte et de la clarinette. Il n'y manque sans doute qu'une part de mystère pour tout à fait nous emporter, avant d'entrer dans les Fragments de Japonisme d'O Hototogisu !, qui retrouvent pour l'occasion la dédicataire de l'œuvre, . La voix n'est pas large, mais elle est droite et sa quasi absence de vibrato y permet un chant pur pour porter les sept Haikus japonais que compose la pièce, également développée par la flûte de , ainsi que par le célesta et le piano, tous deux agencé en angle droit pour pouvoir être joués ensemble par .

Après ces deux œuvres d'environ sept minutes, le Triple Duo d' semble beaucoup plus fourni par ses quelques vingt minutes de musique. L'architecture s'y étend autour de trois couples, flûte-clarinette (dont clarinette en mi bémol et clarinette basse), percussions-piano et violon-violoncelle. D'une grande complexité par l'autonomie des groupes devant également s'agencer dans un flux métrique pour ne faire qu'un tout, l'œuvre bénéficie de la parfaite clarté de la direction de . Ses gestes amples comme ceux de Knussen à l'époque semblent chercher à dessiner la partition, sans jamais vouloir contraindre les musiciens, mais seulement en leur donnant un repère permanent par l'image. Comme le compositeur américain, le suivant, , a revêtu une grande importance pour Knussen, dont la discographie intègre plusieurs enregistrements. L'Ode an eine Äolsharfe de 1986, basée sur quatre poèmes de Mörike, a finalement abandonné la voix pour se conclure en pièce pour guitare concertante et quinze instruments. Pierre Bibault y tient la partie principale avec une superbe maîtrise, devant un ensemble dont on repère en plus de la harpe une viole de gambe particulièrement pleine.


En très bel hommage à « Olly », le concert s'achève par l'une des pièces les plus forte du compositeur, dirigé par lui et enregistré lors de sa création à Chicago en 2006, déjà avec . La soprano reprend donc le Requiem, Songs for Sue op. 33 et ses quatre parties enchaînées, introduit par des extraits de poèmes d'Emily Dickinson en anglais, dans lesquelles la chanteuse se montre particulièrement lyrique en même temps que précise sur le texte. Suivent des poèmes d'Antonio Machado, puis un retour à l'anglais avec W. H.Auden et enfin un court extrait du Requiem de Rainer Maria Rilke, en allemand, le tout parfaitement accompagné par la délicatesse de Lubman, dans les sons toujours clairs de la harpe et du célesta, mais aussi par la rondeur des cordes de l', très impliquées lors de tout ce concert.

Crédits Photographiques : © EIC

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