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Retrouvailles avec Slatkin et ses solistes à Lyon dans Ravel

Une fine équipe, sous la direction du chef américain , nous convie à savourer les deux concertos pour piano de enregistrés en 2015. Leur lecture de Tzigane contribue également à la qualité de cet enregistrement. 

Avec ce programme admirable, l' défend avec talent ces trois chefs-œuvres, soutenu par deux solistes du meilleur acabit. Le pianiste et , violon solo supersoliste de l'orchestre, en place à Lyon depuis 1999, s'illustrent par leur jeu en adéquation avec l'âme ravélienne.

Tzigane pour violon et orchestre (1924) revit sous l'archet agile et précis de . Initialement conçu pour violon et piano à l'Æolian Hall puis joué salle Gaveau, la version avec orchestre apparut le 30 novembre 1924 aux Concerts Colonne sous la direction de Gabriel Pierné. La soliste illumine cette partition par autant de sensualité que de verve, encore que le brio ne se hisse pas au premier plan dans sa lecture, en faveur de la poésie et de la richesse des couleurs. Cette dernière particularité concerne également la phalange lyonnaise qui, placée sous la baguette électrisante de Slatkin, ne manque pas de surprendre par des interventions aussi sophistiquées qu'éclatantes d'énergie.

Le Concerto pour la main gauche en ré majeur (1929-1930) a été écrit pour le pianiste Paul Wittgenstein amputé du bras droit pendant la Guerre mondiale. Il le créa à Vienne en janvier 1931, puis à Paris et partout ailleurs dans le monde inaugurant un magnifique parcours dont tant de pianistes contribueront à entretenir la célébrité. Les deux mouvements Lento et Allegro, joués sans pause, d'une rare concision, sont l'occasion pour le créateur de faire la démonstration de son génial penchant pour l'écriture pianistique. Le compositeur confia à Alfred Cortot que sa musique offrait « beaucoup d'effets de jazz… l'essentiel est de donner non pas l'impression d'un tissu sonore léger mais celle d'une partie écrite pour les deux mains. »

Dernière partition majeure de Ravel, le Concerto en sol majeur, contemporain du précédent, ravira les auditeurs grâce encore à l'interprétation de  avec une lecture de premier plan où l'exubérance rayonnante de l'Allegramente et la virtuosité du percutant Presto, brillants, fluides, parsemés d'accents jazzy et d'autres évoquant l'Espagne s'imposent de manière convaincante. L'Adagio assai central, inspiré par le Quintette avec clarinette de Mozart, nostalgique avec sa mélodie émouvante, finit de convaincre de la qualité de cette entreprise.

Une mémorable gravure logiquement bien classée, parmi une myriade de prestations dévouées à , par la clarté des lignes mélodiques, la pertinence rythmique, la sensualité des timbres et le pétrissage goulu de la masse orchestrale.

 

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