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L’ensemble I Bassifondi : pour l’amour des cordes pincées

Avec l'ensemble , florilège de musiques romaines du seicento italien. La preuve qu'authenticité et créativité peuvent faire bon ménage.

Composé de trois musiciens experts dans divers instruments à cordes pincées – , Stefano Todarello et Gabriele Miracle –, l'ensemble s'est donné comme mission de faire découvrir au grand public, transcrites pour trois instruments, des musiques inconnues des XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles italien et espagnol. Le programme retenu sur cet album, qui fait la part belle à Tommaso Marchetti et à Giovanni Girolamo Kapsperger – on retiendra pour ce dernier, et à dessein, la graphie italienne – privilégie les compositeurs actifs à Rome tout au long du seicento, en marge des grands centres de production qu'étaient l'opéra et l'église. Reste à voir comment il est possible, aujourd'hui, de restituer des textes transcrits en alfabeto, c'est-à-dire en une version où seuls sont notés les accords et les rythmes. Charge aux interprètes de choisir les instruments, mais également de réécrire les infinies variations sans lesquelles de telles musiques ne pourraient être que du bois mort. Aux trois instrumentistes de cultiver l'art de l'improvisation afin d'exploiter toutes les nuances rythmiques, harmoniques et mélodiques d'une littérature musicale qui ne demande qu'à révéler tous ses secrets.

Le résultat obtenu va au-delà de toutes nos espérances. À la beauté intrinsèque des timbres et des sonorités des divers instruments – lesquels comptent également les percussions, la flûte à bec, la cornemuse…–, se rajoutent l'ivresse des rythmes de danse et la richesse des ornementations. Les options d'improvisation restent dans les limites de l'acceptable en termes d'authenticité, les musiciens ne frôlant avec le jazz qu'à de très rares occasions, beaucoup moins en tout cas que lors de précédentes expérimentations dans le genre telles qu'elles furent pratiquées autrefois par une , ou encore par une , à l'occasion de son disque Monteverdi Meets Jazz. On notera la très belle intervention du violoniste , ainsi que la présence, pour trois plages de l'album, du soprano frais et capiteux d'Emöke Baráth, véritables plus-values pour cet enregistrement déjà riche et original. Belle réalisation, donc, qui laisse encore augurer de belles découvertes dans les trésors de la musique italienne de cette période.

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