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Tous les ressorts du quintette à vent avec le Concert impromptu

Faire sonner le quintette à vent de façon nouvelle. C'est assurément le propos des six œuvres à l'affiche de ce nouvel enregistrement du Concert impromptu parcourant vingt ans de création contemporaine française.

étire les registres et agrandit le spectre sonore dans Souffles (1997) en convoquant en sus le cor anglais et la clarinette basse. La pièce déjà ancienne n'a pas pris une ride, faisant appel à l'énergie du souffle et du son pour lancer les trajectoires et conduire le mouvement sous l'action des processus. L'écriture inventive et la combinatoire rythmique sont à l'œuvre au sein d'un univers aussi ludique que théâtral, qui modèle un espace en continuelle mutation.

Dans la même sensibilité microtonale, c'est le cor anglais, ourlé, épaissi, enrichi par les quatre autres instruments qui conduit la trajectoire de Seele Leise (« Mon âme tout bas ») de , avant d'être relayé par la clarinette basse et le basson qui vont explorer in fine les graves abyssaux du registre. La pièce est une sorte de cavatine, un ressassement fervent et habité dont le compositeur modèle les couleurs et creuse l'expression avec un raffinement et une science de l'écriture étonnants. L'effectif (flûte en sol, cor anglais, clarinette sib et clarinette basse, cor et basson) est le même dans Volée (2011) où cherche quant à lui les alliages et la fusion des timbres – sollicitant les multiphoniques de la clarinette basse et du basson – pour approcher l'image spectrale des cloches dans une courte pièce aventureuse et « carillonnante » dont le mouvement se fige progressivement. privilégie lui aussi les instruments graves qui « produisent beaucoup de frottements et partiels résultants » nous dit-il, dans Sables(2001). Le foisonnement jouissif des timbres et la vigueur toute varésienne qui anime le jeu des interprètes impressionnent via l'écriture discursive et bien conduite qui s'y exercent, donnant parfois l'illusion d'un orchestre déployé dans l'espace.

Le propos est chorégraphique dans Star Burst de qui modifie sensiblement la donne en choisissant une flûte à bec et un bugle aux côtés de la flûte alto, du cor anglais et de la clarinette basse. La pièce courte débute tout en rondeur et en évolution lente, sorte d'éveil avant une phase plus rythmique et un tempo qui s'accélère. Ce sont autant de gestes sonores modelés sur l'argument du ballet, La Nef des fous, « fusion danse-musique ente et la compagnie de danse New-Yorkaise Anna Sokolow Player's Project », précise le compositeur. L'envergure est autre dans Kinisis (en grec « Mouvement ») d', la pièce la plus récente de cet album (2017) qui fait écho à celle de quant à la jubilation sonore et la théâtralité du jeu instrumental. L'électronique vient ici hybrider les sonorités, spatialiser les trajectoires et en démultiplier l'espace. Le cor solo (Guillaume Merlin) fait office de guide (le coryphée) échangeant avec ses partenaires, au sein d'un espace sonore traversé de souffles et de matière bruitée qui entretient le mystère.

La captation, live pour certaines pièces (Bortoli, Blondeau, De Vienne), n'est pas irréprochable et de qualité inégale mais l'engagement des interprètes et la palette des sonorités déployée sont galvanisants.

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