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Dumesny par Reinoud van Mechelen, de la cuisine à l’opéra

Ce projet porté ardemment par le ténor , de sa conception à sa mise en musique, en tant qu'interprète et à la direction de l'ensemble , est une réussite tant le chanteur excelle dans ce répertoire.

En démarrant sa carrière lyrique à quarante ans après avoir était cuisinier de l'Intendant Foucault à Montauban, et malgré des lacunes de justesse évidentes et un niveau de solfège plutôt insuffisant (il apprenait ses rôles par cœur), Louis Gaulard Dumesny devient l'interprète favori de Lully à la fin de son règne musical. Il captivera les compositeurs de la génération suivante jusqu'à son embonpoint et ses frasques. L'aléatoire justesse de sa voix l'éloignèrent de la scène où il lui fallait par soir jusqu'à six bouteilles de champagne pour répondre à ses engagements.

La longévité de ce célèbre haute-contre du Grand Siècle, lui permit de créer les rôles-titres des six derniers opéras de Lully : Persée (1682), Phaéton (1683), Amadis (1684), Roland (1685), Armide (1686), et Acis et Galatée (1686). Cela correspond au début de la programmation de cet enregistrement, qui se veut être une biographie « musicale » en structurant l'écoute en quatre phases : les débuts avec Lully, avec des extraits de Persée, Armide, Amadis, et Acis et Galatée ; la mort de Lully et ses premiers successeurs, avec des extraits d'Achille et Polyxène et Miserere, et des musiques de (Achille et Polyxène), et (Alcide). Vient ensuite la troisième phase, « La voie se libère » avec des extraits de Thétis et Pelée, Énée et Lavinie de Collasse, Didon d', et de  ; et enfin la dernière étape du parcours musical, la fin de carrière de Dumesny avec Céphale et Procris d'Elisabeth Jacquet de la Guerre, Théagène et Cariclée, Les amours de Momus, Les Fêtes galantes et Circé d', Méduse de , Amadis de Grèce d', et L'Europe Galante d'. Le choix de ces extraits de tragédies lyriques ne fut probablement pas si difficile puisqu'à cette époque, un chanteur n'avait qu'un seul air à interpréter dans un opéra.

S'il est appréciable d'écouter la voix souple, les phrasés languissants et la discrète diction à l'ancienne de , porté avec une élégance certaine par son ensemble dont il est le créateur, le regret est le peu d'indices concernant les caractéristiques de la voix de celui qui en est à l'origine. Dans la notice, Benoît Dratwicki évoque principalement les frasques de Dumesny, assez anecdotiques, plutôt que ses qualités vocales à propos desquelles les explications paraissent confuses. On saura seulement que celle-ci correspond à une voix de haute-contre « à la française », soit aujourd'hui pour nous un ténor avec des aigus.

Au-delà de ses qualités de chanteur, prend beaucoup de risque en assurant également la direction de son ensemble. Cela se révèle payant, tant l'osmose entre la voix et les instruments est évidente. Avec le soutien du Centre de musique baroque de Versailles, ce projet à l'initiative du chanteur a pour finalité une trilogie qui s'annonce enthousiasmante : après Dumesny, ce sont les hautes-contre célèbres en leur temps Pierre de Jélyotte et Joseph Legros qui suivront.

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