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Reprise à Metz de la Traviata mise en scène par Paul-Émile Fourny

Dans un spectacle aux allures fantomatiques, de jeunes interprètes donnent corps et vie aux héros de La Traviata. Une production qui a fait ses preuves.


Nous avions déjà dit à propos des représentations de 2013 tout le bien que nous pensions d'une mise en scène jouée dans un décor unique aux tons gris pastel, dont la dimension mystérieuse était rehaussée par l'utilisation d'un rideau de tulle destiné à donner au spectacle des allures fantomatiques. Si l'on ne peut qu'être séduit par la scénographie de Poppi Ranchetti, ainsi que par les superbes costumes à l'aspect cireux de Giovanna Fiorentini, la direction d'acteurs paraît plus fluide que celle d'il y a quelques saisons. De fait, le contraste entre la gestuelle stylisée de la plupart des personnages et de celle Violetta et d'Alfredo, authentiques personnages qui tentent de vivre une relation sincère dans un univers cruel, glacial et mortifère, n'en ressort que plus fortement. Le ballet du troisième tableau est également mieux intégré à l'action, la violence de la chorégraphie proposant elle aussi un contraste très net avec les tons et les gestes feutrés du reste de la mise en scène. Le public, qui a ovationné ce spectacle, ne s'y est pas trompé.

Un des intérêts de cette reprise résidait dans le renouvellement presque total de la distribution. Le public messin aura ainsi découvert l'incarnation en Violetta de la jeune chanteuse finlandaise . Les moyens sont clairement ceux d'un soprano lyrique léger, ce qui permet à l'interprète de triompher de tous les écueils techniques du premier acte. Si le deuxième acte trouve notre Violetta un peu à la limite de ses moyens, la maîtrise vocale de la cantatrice lui permet de dominer sans embuche l'ensemble concertant du troisième tableau, et surtout de trouver les fines nuances et les accents bouleversants dont il y a besoin pour la scène finale. L'instrument de est clairement celui d'un ténor mozartien, et le rôle relativement léger d'Alfredo devrait rester globalement à sa mesure. La cabalette du deuxième acte éprouvant cruellement le chanteur, véritablement à court d'aigus, il eût mieux valu couper ce morceau comme cela se fait régulièrement sur nos scènes. Du Germont imposant du baryton Stefano Meo, on admire le superbe legato, conduit par une voix aux couleurs chaudes et homogènes. Le chanteur parvient par ailleurs, par un jeu sobre et efficace, à rendre toutes les ambiguïtés d'un personnage dont l'hypocrisie reste teintée de quelques accents de sincérité. Comme souvent à Metz, on pourra louer la qualité des comprimarii – mention toute spéciale pour le timbre coloré de Lidija Jovanovic en Flora et le jeu efficace d' en Gastone – ainsi que l'engagement et l'investissement du chœur. Très belle interprétation également, romantique en diable, de la part de l', sous la baguette de son chef attitré . Précise et fine, cette lecture aura souligné la dimension intimiste de l'œuvre davantage que les éléments clinquants qui peuplent également l'univers de Violetta.

Crédit photographique : © Christian Brémont – Opéra-Théâtre de Metz Métropole

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