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Des concertos de Beethoven puissamment romantiques par François-Frédéric Guy

L'année Beethoven se poursuit avec une nouvelle intégrale marquante des concertos par l'un des plus grands pianistes beethovéniens actuels, , qui joue et dirige du clavier les cinq concertos dans une optique résolument romantique.

Après avoir réalisé des intégrales remarquées des sonates pour piano et des sonates avec violon (avec Teddi Papavrami), s'attaque au corpus des concertos pour piano dirigés depuis le clavier (« joué-dirigé » selon sa propre expression). L'enregistrement nous vient du printemps des arts de Monaco de l'an dernier.

La différence avec la récente intégrale de Jan Lisiecki avec l'Academy of Saint Martin in the fields (DG) est saisissante. Au piano jubilatoire et bondissant du jeune Polono-Canadien (qui remplaçait Perahia) oppose un clavier puissant dans une confrontation orageuse avec l'orchestre ; de ce côté, la palme revient plutôt à l'Academy, ensemble plus fin et délié que l'orchestre polonais qui sonne souvent de façon assez lourde. Le choix des cadences les plus développées, y compris celles, tout en puissance et monumentalité, de Brahms pour le quatrième concerto renforce ce portrait d'un Beethoven ombrageux, romantique et titanesque qui tire ces concertos vers le XIXème siècle alors que l'intégrale DG les replaçait davantage dans la descendance du XVIIIème. Une prise de son très enveloppante, plus que précise, renforce cette impression.

Si les deux premiers concertos ploient un peu sous cette vision monumentale (sans atteindre pour le premier le souvenir de l'extension titanesque que lui imposaient Eschenbach et Karajan dans un enregistrement aujourd'hui injustement oublié, DG) les trois derniers emportent l'adhésion par leur puissance et leur orageuse confrontation piano-orchestre, d'autant plus étonnante qu'elle émane d'un seul et même musicien à la fois chef et pianiste. Provenant de concerts publics, la performance n'en est que plus impressionnante et marque une nouvelle étape majeure dans le parcours beethovénien toujours renouvelé de François Frédéric Guy. Dommage que le pianiste ne nous ait pas donné la magnifique fantaisie chorale, que le minutage aurait permis d'ajouter sans difficulté. Il y ferait sans nul doute merveille.

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