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Le pianiste Daniel Propper rend hommage à la modernité des opus 66 et 77 de Grieg

Ce CD offre des œuvres rares pour piano d', dont le dénominateur commun est sa passion pour le legs populaire musical de sa Norvège natale.

Après une précoce et solide formation à l'École de musique de Stockholm, ville où il est né en 1969, le pianiste reçoit le soutien de Tatiana Nikolaïeva et se perfectionne à la Juilliard School de New York et au CNSM de Paris où il s'installe en 1994 avant de développer une riche carrière.

Les 19 Mélodies populaires norvégiennes op. 66 résultent de transcriptions réalisées par son ami intime Frants Beyer qui scrupuleusement nota nombre de berceuses, d'appels de gardiens de bétails, de ballades et légendes, à partir desquels Grieg, en 1897, avec une formidable économie de moyens s'éloigne de ses précédentes réalisations où dominaient nettement le lyrisme et l'intimité.

Les 17 Danses paysannes norvégiennes op. 72 (Slåtter) datent des années 1902-1903, Grieg les composa sur la demande d'un violoneux nommé Knut Johanessen Dahle qui souhaitait réunir un corpus de danses populaires. On fit appel à un musicien, ami violoniste et compositeur, Johan Halvorsen, pour réaliser les transcriptions jouées par Dahle. De son côté Grieg voulait une restitution strictement respectueuse de ce legs inestimable. La musique qui en résulte affiche plus d'âpreté et de rugosité et sûrement moins de charme qu'attendu par beaucoup. Ces changements conduisirent la critique parisienne à regretter le musicien romantique devant ce piano percussif, rustique, aux harmonisations moins rondes.

Les deux Mélodies élégiaques op. 34 nous ramènent aux années 1880. Leurs titres mélancoliques, Cœur blessé et Dernier printemps, conviennent mieux à l'orchestre à cordes (leur destination première), qu'au piano seul.

De nombreux pianistes talentueux défendirent au disque la musique de Grieg. les rejoint dans cette interprétation. En parfaite adéquation avec le « nouveau Grieg » des opus 66 et 72, il évite de céder aux sirènes d'un lyrisme qui n'a nullement sa place dans ces musiques populaires, revisitées par un compositeur qui saura apporter sa pierre à la modernité avec ses harmonies nouvelles, qui influenceront  et . Si le jeu franc et retenu, mais un rien empesé, de Propper convient au registre pianistique tardif du maître de Bergen, on aurait apprécié trouver ici davantage des couleurs, de la sensibilité et de la subtilité que requièrent ces opus 66 et 72, et plus encore les deux pièces romantiques de l'op. 34. On n'oubliera pas pour autant les indispensables enregistrements d'Eva Knardahl (BIS, 1978), Geir Henning Braaten (Victoria, 1993), Einar Steen-Nokleberg (Naxos, 1993) et Gerhard Oppitz (RCA 1993).

 

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