Les redécouvertes fusent au Palazzetto Bru Zane. Après le premier Faust de Gounod c'est au tour de Maître Péronilla, opéra-bouffe de Jacques Offenbach, créé sans grand succès en 1878. Et pourtant un petit joyau.
La chose sembla claire. L'espagnolisme ayant toujours porté chance à Jacques Offenbach, son Maître Péronilla ne pouvait être qu'un franc succès. Mais le sort en décida autrement. Retirée de l'affiche après quelques cinquante représentations l'année même de la création, l'œuvre disparut à tout jamais. L'échec était-il dû au fait que, pour une fois, Offenbach lui-même avait écrit le livret ? Rien n'est moins sûr. L'histoire rocambolesque autour d'une femme épousant deux maris le même jour est pour le moins originale. Et l'espagnolisme fut à la mode.
La musique alors ? Mais non ! Mais non ! Habile, variée, pleine de verve et de fantaisie – ne citons que les couplets du chocolat, le rondeau de Frimouskino ou le grand final de l'acte II – elle montre le grand Offenbach à son mieux.
Un peu trop peut-être, comme le soulignent les musicologues : harmonie, modulations et orchestration sont plus proches de l'opéra-comique que de l'opéra-bouffe, genre pourtant nommé sur l'affiche et la partition.
Le nouvel enregistrement permet donc de découvrir un petit chef-d'œuvre dans une interprétation frôlant la perfection. Énergique, nuancé et pleine d'esprit, la direction de Markus Poschner fait ressortir toutes les qualités de la partition. Et quelle distribution ! Seize chanteuses et chanteurs se partagent les vingt-deux rôles de l'histoire, la liste ressemblant un à Who's who du meilleur chant français du moment. Véronique Gens, Éric Huchet, Antoinette Dennefeld, Tassis Christoyannis, François Piolino, Anaïs Constans, Loïc Felix, …, chacun et chacune donne ici son mieux pour tirer ce petit joyau de l'injuste oubli. Le livre accompagnant l'enregistrement offre, comme toujours avec le Palazetto Bru Zane, plein d'informations utiles sur l'œuvre et sa création. Espérons que d'autres représentations suivront !