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Rameau à quatre mains par le duo Vernet-Meckler à l’orgue de Saint-Maximin

Le chœur d'anches de l'orgue Isnard de la basilique de Saint-Maximin est sans doute l'un des plus somptueux de l'orgue classique français. C'est cet instrument, récemment restauré par le facteur Pascal Quoirin, que et ont choisi pour faire sonner leurs transcriptions de pièces de Rameau pour orgue à quatre mains.

On regrettera toujours que l'organiste Rameau n'ait pas laissé à la postérité une œuvre pour son instrument d'origine. Cette absence a conduit de nombreux organistes à avoir recours à la transcription : on se rappelle l'enregistrement d'Yves Rechsteiner à l'orgue de Cintegabelle, et celui de Michel Alabau sur ce même orgue de Saint-Maximin en 1996. C'est à ce dernier disque qu' fait référence lorsqu'il évoque les sources d'inspiration du présent enregistrement, précisant qu'il a eu pour ce CD « un véritable coup de foudre ». En réalisant une transcription pour quatre mains, le duo permet une fidélité encore plus proche de l'original, pour rendre toute la richesse harmonique de l'instrumentation. Rameau lui-même s'est beaucoup adonné au jeu de la transcription de ses propres œuvres, utilisant des scènes de ses tragédies lyriques pour en faire des pièces de clavecin. Les réemplois sont aussi nombreux entre pièces instrumentales et airs d'opéras, comme c'était souvent le cas à l'époque. L'exercice de la transcription est donc parfaitement légitime. Avec ce disque, le duo d'organistes ajoute une pièce maîtresse à son important corpus à quatre mains, qui couvre un large répertoire du XVIIIᵉ siècle à la création contemporaine.

Plaisamment intitulé Le Rameau d'Olivier, le présent enregistrement nous propose des extraits de Castor et Pollux, Hippolyte et Aricie, Dardanus et Les Indes galantes, auxquels le duo a ajouté La Forqueray, extraite des Pièces de clavecin en concert. Le tempérament inégal de l'instrument de Saint-Maximin a obligé les interprètes à transposer la grande Ouverture de Dardanus pour ménager les oreilles de l'auditeur. Dommage que l'ensemble de la Suite ne l'ait pas été également, il y a quelques harmonies qui sonnent douloureusement.

Le parti-pris de ce programme semble être de faire briller l'orgue dans ce qu'il a de plus éclatant. Dès l'entrée, le ton est donné avec l'ouverture en fanfare de Castor et Pollux. La grande qualité des jeux d'anches permet des tempi échevelés. Trop, peut-être ? On pourra regretter parfois une articulation un peu brutale, et on aimerait entendre l'orgue chanter plus amplement. Les passages plus calmes sont les bienvenus, comme dans l'air « O jour affreux » de Dardanus, qui permet de faire sonner l'admirable fond d'orgue de l'instrument d'Isnard. Autre moment magique : l'air du Grand calumet de paix joué sur le cornet avec un accompagnement qui lui fait comme un tapis de clochettes. La grande Chaconne des Indes galantes termine le programme en fanfare, comme il avait commencé. Ce disque est un feu d'artifice, où l'on appréciera la grande complicité des interprètes qui nous donnent à entendre un plaisir communicatif.

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