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Une nouvelle référence de la Symphonie n° 2 de Sibelius grâce à Santtu-Matias Rouvali

avait gravé un premier album Sibelius remarquable (Symphonie n° 1 et En Saga, Clef d'or ResMusica). Chef du Symphonique de Göteborg jusqu'en 2025, directeur musical du Philharmonia de Londres dès la saison prochaine – à la suite de son compatriote Esa-Pekka Salonen, il témoigne avec ce disque de l'excellence de l'école de direction d'orchestre finlandaise.

Saluons tout d'abord la magnifique captation, à la fois présente et très définie. Les timbres des pupitres sont gorgés de couleurs et l'espace sonore est restitué de la manière la plus naturelle. Débutée en Italie, la composition de la Symphonie n° 2 en ré majeur s'acheva en Finlande. Dans cette partition élaborée à partir de brèves cellules rythmiques, les motifs naissent les uns des autres. Les ruptures et silences sont essentiels et l'orchestre joue à merveille des succession d'atmosphères fragmentées et âpres. La diversité des éclairages – de la clarté froide des premières minutes à la lumière chaude et colorée des cuivres – est une réussite. Le climat spécifié « lugubre » du mouvement lent accumule les dissonances. L'étagement des pupitres traduit exactement le mouvement et le caractère expressionniste de la partition. La prise de son, une fois encore, magnifie les contrastes lyriques et une respiration juste. Le perpetuum mobile du Vivacissimo évoquerait les épisodes d'un orage. Rouvali propose un tableau pointilliste, composé de touches de couleurs, irrigué d'une âme pastorale qui n'est pas sans évoquer la Symphonie en fa majeur de Beethoven. Rugosité et légèreté des archets, élégance de la pulsation, multiplication des effets de timbres… Peu de lectures mettent en scène, et à ce niveau de qualité, une page réputée pour sa complexité. Le hautbois solo est à la hauteur de l'événement. Directement enchaîné, le Finale héroïque rend en partie hommage à l'univers de Tchaïkovski. Un hommage sans fatum et sans drame. Sous la baguette de Rouvali, il se construit d'assez « loin » avec une expression de force irrépressible. Les multiples digressions des bois sont encadrées dans le souffle général. Le mouvement se déploie jusque dans sa conclusion héroïque, sans précipitation. Cette version rejoint les références de Vänskä (Lahti et Minneapolis), Bernstein (Vienne), Sanderling (Symphonique de Berlin), Barbirolli (Hallé), Beecham (Royal Philharmonic), entre autres.

Pièce de théâtre en cinq actes d'Adolf Paul, Kuningas Kristian II évoque la vie amoureuse de ce roi, au début du XVIe siècle. Sibelius accepta d'en composer la musique de scène qui fut créée en 1898. La suite d'orchestre comprend cinq mouvements. Cette musique profondément romantique annonce la Symphonie n° 1. L'influence de Brahms et les couleurs de la suite Karelia s'y croisent habilement. Sakari, Berglund, Järvi, Saraste, Vänskä, Jalas, notamment, en ont proposé de belles interprétations. Rouvali offre une conception très contrastée et colorée, « ultra-romantique » pour tout dire. Du grand et beau spectacle.

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